mercredi 13 juin 2007

Peter Frampton, c’est dégueulasse et c’est bon

Sardines à l’huile, rocher Suchard, lait concentré sucré en tube, fraises Tagada, on a tous notre plaisir régressif câlin, notre machin écœurant qui console et peut parfois chasser la migraine. Une transgression que l’on ne songe même pas à cacher tant on sait qu’il est des plaisirs dont la consommation ne peut être qu’excessive, opiniâtre et narquoise.
Pour moi, c’est Frampton Comes Alive. Mon frère l’avait acheté quand j’avais douze ou treize ans et l’avait abandonné peu après en quittant la maison. J’avais d’abord découvert le talkbox sur Show Me The Way, puis au cœur de Do You Feel Like We Do. Et c’est ce passage-là que j’écoute parfois, depuis qu’en 2001 l’album est sorti en 25th Anniversary Deluxe Edition, avec quelques épates au talkbox de 7’20 à 11’30 puis un beau solo final de guitare électrique « normale » sur presque deux minutes. C’est royalement crétin, pire que tous les remplois que Daft Punk et quelques autres ont pu faire du corpus vocoder-talkbox des années 70 – et ce n’est pas peu dire ! Je crois que s’il y a un sommet de mauvais goût dans le lyrisme rock, c’est bien là, et pas chez Queen ou Slade, sauvés par une petitesse britannique idiosyncrasique dont Frampton était parvenu à s’affranchir, peut-être même dès Humble Pie. Une sorte de frénésie tout aussi cinglée que médiocre, comme si un sergent de carrière dans l’infanterie avait essayé de jouer les Sparks…
Et j’avoue volontiers me repaître des âneries de Peter Frampton. Evidemment, hier soir, je sortais d’une longue journée avec la commission dont je suis président au CNV. Nous avions fait, je crois, du bon travail, mais j’avais attrapé une féroce migraine et, alors que le soir de juin se faisait enfin sombre, j’ai sorti Frampton Comes Alive. J’ai d’abord écouté Show Me The Way sur le CD 1. Puis, sur le CD 2 (ah, retrouver le déplaisir de la manipulation des albums doubles !), Do You Feel Like We Do en réécoutant trois ou quatre fois les six minutes que je préfère. Magnifique. Ignoble. Beurk. Que c’est bon. J’ai quand même demandé à ma femme de m’excuser.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce n'est pas bien de critiquer le live de monsieur Frampton mais avouons que nous sommmes tous de grands nostalgiques !

Anonyme a dit…

mon cher bertrand, j'apprécie ton petit billet d'humour au second degré sur Frampton. "J'avoue me repaître des âneries de frampton" si tu t'en repaît ( c'est à dire que tu les écoute plusieurs fois de suite) peut être ne sont elles pas si asinophiles que cela ! il faut écouter tout le comes alive et ses solos si originaux même si les effets talking box sont un peu faciles mais si efficaces. Un des meilleurs guitaristes de ce demi siécle ; Carrément !