jeudi 7 juin 2007

Pierre-Yves Duchesne rêve de remonter « Phi-Phi »

Conversation avec Pierre-Yves Duchesne à propos de son Académie internationale de comédie musicale, qu’il organise sur le principe d’une égale importance de l’enseignement du théâtre, du chant et de la danse – gros emploi du temps pour ses élèves ! Nous en venons à un de mes dadas, à cette légende d’un art inventé à Broadway et Londres et jamais vraiment acclimaté en France. Alors, on parle Messager et école de la mélodie française, Phi- Phi et Dédé, Albert Willemetz et Maurice Yvain, cet art qui a inspiré les Américains des années 30-40. Lui aussi croit en une filiation directe entre Reynaldo Hahn et La Mélodie du bonheur, Maurice Chevalier et Broadway (il y aurait un travail magnifique à faire sur les allers-retours culturels entre les deux rives de l’Atlantique, le jazz qui transforme les années 20 françaises, nos films musicaux et nos chansons qui fascinent Hollywood, le prestige américain qui aveugle la France des années 60, qui finit par laisser pourrir sur pied son opérette, aveuglée par West Side Story…).
Avec Duchesne, on échange des anecdotes, il me colle sur La Diva de l’Empire (Satie ! comment avais-je pu oublier ?), je l’invite à se pencher sur Un soir de réveillon, un des sommets de mon cher Dranem. Il explique combien de ses élèves arrivent avec un répertoire r’n’b et ouvrent des yeux d’extase devant le répertoire français des années 20. Il rêve de remonter Phi-Phi dans une version plus actuelle, resserrée à une heure et quart, avec les gamins de son école. L’an prochain, cela fera quatre-vingt-dix ans que Phi-Phi a été créé et il est sûr – moi aussi – que l’on peut rire encore à la Chanson des petits païens et aux grands délires érotiques de l’ouvrage.
L’époque est propice : on ne va sans doute pas ressusciter Maurice Chevalier et Dranem, mais il y a fort à parier que l’on peut retrouver un jus, un plaisir, une nécessité à toutes ces œuvres-là qui furent si puissantes et si aimées. Il n’est qu’à voir le miracle des mélodies de Fauré, Hahn ou Satie dans D’un siècle à l’autre pour savoir que, en même temps que les frontières de genre, la ligne du temps s’abolit dans les musiques populaires. Un autre bonheur des temps postmodernes, qui peut nous restituer au présent des plaisirs dont nos parents prétendaient qu’ils étaient trop vieux.

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