lundi 4 janvier 2010

Lhasa De Sela, 1972-2010

Elle chantait, elle écrivait, elle était parfois artiste de cirque, parfois plasticienne… Elle faisait beaucoup de choses et elle disait : « Ça ne complique pas la vie d’avoir deux bras. C’est très naturel. Je suis entière comme ça. »
Il y a quelques années, je l’avais interviewée et cela avait été un très beau moment. Une sorte d’aristocrate de la bohème, d’artiste absolue animée d’autant de force que d’inquiétude, de sérénité que d’attention aux cahots de la route. Une femme en dehors de toute norme, si romanesque qu’elle ne semblait pas toujours appartenir à la commune humanité.
Elle disait, notamment :
« Il y a beaucoup de choses que je déteste. Je déteste surtout la musique qui n’a pas d’âme. La musique faite par des machines peut être très belle. C’est une pensée de machine que je n’aime pas. »
« Je ne m’imagine pas avoir pris une autre route. J’ai commencé à chanter devant les gens quand j’avais treize ans et j’ai tout de suite senti que c’était ce que je voulais faire. Or la vie n’est pas absolument pas comme ça : on ne va pas du point a au point b. Mais je vois, maintenant, que les pas que je faisais allaient toujours plus vers la musique que vers autre chose. »
« Même des artistes que j’aime beaucoup m’ont dit qu’ils avaient le regret de n’être pas allés jusqu’au bout dans leur propre musique, de ne pas s’être fait confiance jusqu’au bout. Je trouve plus difficile de ne pas aller jusqu’au bout. »
« Vous voyez les poussettes de supermarché qui ont une roue qui vous attire vers le côté ? La vie c’est pareil. Il y a une roue tordue et il faut toujours compenser. La roue tordue, c’est la peur. »
« Je suis de tendance triste et de nature gaie. »
Lhasa De Sela est partie le 1er janvier. Elle n’avait pas trente-sept ans depuis bien longtemps.

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