dimanche 12 décembre 2010

Plaisir d’offrir, joie de recevoir

Pour prolonger ma chronique de ce dimanche sur France-Info, quelques bonus tracks.
D’abord, il faudrait Des tas d’cadeaux de Boris Vian, enregistré dans les années 50 par Béatrice Moulin, mais on ne le trouve pas sur Deezer. Mais la chanson est présente dans 10000 compils Vian. Des cadeaux chez Boris ? Évidemment, on pense au potlatch amoureux de La Complainte du progrès (les arts ménagers). Mais aussi une drôle de méditation gospélisante écrite avec Henri Salvador, Donne, donne, donne, qu’on peut écouter dans la version du Grand Orchestre du Splendid.
Outre qu’il faut aussi écouter en entier Variation sur le verbe donner de Felix Leclerc, faire un petit détour chez Deezer avec une petite chose amusante sur l’arrière-cour de la joie de recevoir, Les Vilains petits cadeaux, de Julien Girard.

dimanche 5 décembre 2010

Affaire Cantat, deux ou trois derniers détails

Donc, pour poursuivre sur ma chronique de France-Info, ce dimanche. Nous avons tous écrit tant et plus sur l’affaire Cantat et je ne crois pas avoir grand-chose à rajouter à tout cela.
Des explications de textes quant aux chansons de cette chronique ? Bizarrement, elles ont été assez difficiles à obtenir. Axelle Red m’avait dit, quand je l’avais interrogée sur Utopie : « Je ne voulais pas parler de cette affaire spécifiquement, mais je voulais un exemple de crime passionnel – il y aura toujours des couples qui s’aiment et qui se déchirent, au-delà de cette histoire. »
Seul Christian Olivier m’avait dit avec une certaine franchise que le texte lui était venu très naturellement et qu’il avait bien dû admettre, comme après coup, que cela voulait dire quelque chose, comme si son inconscient d’auteur avait parlé en lieu et place de sa conscience de citoyen.

dimanche 28 novembre 2010

Toujours des médicaments

Pour prolonger ma chronique de ce dimanche sur France-Info, quelques bonus tracks.
Outre le Gardénal chez Serge Gainsbourg, Pierre Perret, Serge Lama, Philippe Chatel, Alain Souchon, Daniel Balavoine et Patricia Kaas, on en trouve chez Enzo Enzo, chez Hubert-Félix Thiéfaine, chez Michel Jonasz – mais il est parfois très discret.
Et évidemment écouter en entier Cresoxipropanédiol en capsule par Ginette Garcin.

samedi 13 novembre 2010

Être ou ne pas être ministre

Pour prolonger ma chronique de ce dimanche sur France-Info, suscitée par l’ambiance de remaniement et les supputations de postes ministériels qui concernent les uns ou les autres, je dois dire combien je trouve délectable cette chanson de Béranger, À mes amis devenus ministres, qui clôt la séquence et qu’il faut écouter et réécouter dans la version de Germaine Montero. Il y avait eu il y a quelques années des entretiens du Hall de la Chanson sur Béranger, auxquels j’avais participé, notamment au côté de mon camarade Claude Duneton. Et, puisque l’on parle de Béranger, on parle forcément de 1829, le formidable album à lui consacré par Jean-Louis Murat, lors de sa si féconde année 2005.
Par ailleurs, il faudrait aussi réécouter in extenso La Révolution par Léo Ferré en 1969 à Bobino, dont j’ai passé quelques secondes dans la chronique. Un sommet de chanson sur-engagée, qui plonge à pleins bras dans l’actualité immédiate. De la chanson et du chansonnier…

samedi 6 novembre 2010

Moi mon colon, celle que j’préfère…

Pour prolonger ma chronique de ce dimanche sur France-Info, quelques ajouts sur cette guerre de 14-18 qui stimule tant nos chanteurs. D’abord, deux chansons presque jumelles, Les Lettres de Maxime Le Forestier (1975) et Une lettre oubliée de Juliette (2005, avec la voix déjà curieusement d’outre-tombe de Guillaume Depardieu), à trente ans d’écart et avec une vérité également bouleversante. Ma collection de bromurines est pleine de minuscules instants de vie qui ont ces couleurs-là. Mais, d’ailleurs, le plus grand succès de l’édition française sur la Première Guerre mondiale n’est-il pas Paroles de poilus, ce qui en dit long sur la fascination qu’exerce la parole simple de ces gens que la guerre a brisés – tous, d’une manière ou d’une autre.
Et puis, toujours et toujours et toujours et toujours Louise (1983), chanson bouleversante qui dit à la fois les souffrances des femmes, des domestiques, des gens de rien – et aussi des poilus, encore. Une occasion, au passage, de se souvenir de Gérard Berliner, récemment parti.
Mais peut-être faut-il ajouter au dossier la chanson la plus brillante que je connaisse sur cette période, sur son esprit et sur son âme, sur sa moelle et sur son sang : Jaurès de Jacques Brel (1977). Mieux que des gros volumes de texte, mieux que de longs cours, une photographie saisissante de la brutalité et des contradictions de ce début de siècle. Et il y a une version de cette chanson peut-être plus bouleversante que celle de Brel, enregistrée par Erik Marchand en 2006 sur son album Unu, daou, tri, chtar, œuvre d’une beauté roide et venteuse.

vendredi 5 novembre 2010

« Sans contrefaçon », par Pascal Nègre


Voici que partout on en parle sur les radios, dans la presse, dans la blogosphère et à partir de la semaine prochaine à la télé (superbe planning de promotion, tant le personnage aiguise la curiosité de mes confrères journalistes) : Sans contrefaçon par Pascal Nègre (avec la collaboration de moi, disent les petits caractères sous le titre) est en librairie depuis ce mercredi. Un commentaire ? Eh bien c’est le livre que j’avais envie de lire, dans lequel le plus brillant des patrons de maison de disques soulève le capot et montre tout. J’ai rarement autant appris en travaillant sur un livre, sur les grandes règles et la réflexion à long terme, autant que dans les petits détails pittoresques et les anecdotes pour dîners en ville.

samedi 30 octobre 2010

La Toussaint des chanteurs

Pour prolonger ma chronique de ce dimanche sur France-Info, juste deux chansons de plus, qui l’une et l’autre me touchent beaucoup. D’abord, Mon enterrement de Béranger, qui a bien cent cinquante ans et qui sonne de manière très actuelle, avec beaucoup de traits très contemporains. L’interprétation d’Arnaud Marzorati, enregistrée il y a deux ans (j’avais beaucoup aimé ce qu’il avait fait sur scène à l’époque), est un peu lyrisante, mais elle ne manque pas de charme.
Et puis le très doux, le très tendre, le très rêveur Paradis des musiciens de Danielle Messia. Je ne pense pas, d’ailleurs, que le fait qu’elle ait si tôt disparu ajoute quelque chose au côté poignant de cette chanson. Mais cela n’empêche pas que, si on ignore tout d’elle, il faut absolument partir à sa découverte.

dimanche 24 octobre 2010

Encore une cigarette…

Pour prolonger ma chronique de ce dimanche sur France-Info, il faut bien dire que la cigarette a suscité beaucoup de chansons – des pires et des meilleures. Sans compter la pipe et le tabac à chiquer, depuis J’ai du bon tabac. J’en oublie forcément, sans compter les chansons qui, au passage, évoquent la question tabagique.

Aldebert : La Complainte de l'ex-fumeur.
Aldebert : La Dame aux Camel Light
Annie Cordy : Cigarettes whisky et p'tites pépées
Annie Cordy & Bourvil : Café, tabac
Antoine : Un éléphant me regarde
Arabelle : No smoking
Barberousse : Lady Nicotine
Bernard Menez : J'aime pas les filles qui fument
Jane Birkin : Nicotine
Charden : 14 ans les Gauloises
Claude Nougaro : Prisonnier des nuages
Claude Nougaro : Insomnie
David McNeil : Deux mille deux cents cigarettes
David McNeil : Deux mentholées, trois mandolines
Adanowsky : Tuez-vous tuez-vous
Sarclo : British American Tobacco
Dave : La cigarette
Dick Annegarn : Nicotine queen
Dumont : Ta cigarette après l'amour
Eddy Mitchell : Fume cette cigarette
Eddy Mitchell : La première cigarette
Eliane Embrun : Si j'étais une cigarette
Léo Ferré : La Gitane
Léo Ferré : La pipe
Léo Ferré : Quand je fumerai autre chose que des Celtiques
Francis Lalanne : Fumée d'alcool
Serge Gainsbourg : Les cigarillos
Serge Gainsbourg-Catherine Deneuve : Dieu est un fumeur de havanes
Henri Tachan : Tabacs
Hubert-Félix Thiéfaine : 113e cigarette sans dormir
Hugues Aufray : Des femmes et du tabac
Jacques Higelin : Cigarette
Serge Lama : Seul avec ma cigarette
Les Excentriques: Fume, fume, fume
Les Missiles : Fume, fume, fume
Les Négresses Vertes : Les mégots
- M - : Je suis une cigarette
Yves Montand : Le mégot
Gillian Hills : Ma première cigarette
Michel Delpech : J’ai revu la cigarette
Julien Déniel : Je roule
Femmouzes T : T’es dans ma tête et sous ma peau
Femmouzes T : Fumeurs-non fumeurs
Merzhin : La Rue Calumet
Astonvilla: Ma blonde
Pierre Perret : Docteur
Pierre Perret : Mourir du tabac
Pierre Vassiliu : La pipe à papa
Renaud : Arrêter la clope
Henri Salvador : Ma pipe
Sanseverino : La cigarette
Sinclair : Je roule une cigarette
Sylvie Vartan : L’amour c est comme une cigarette
Valérie Lagrange : Trois cigarettes
Yves Simon : Les Gauloises bleues

samedi 9 octobre 2010

Socialisme et idéologies variés

Pour prolonger ma chronique de ce dimanche sur France-Info, juste une petite anecdote au passage. Maxime Le Forestier raconte que, quand il a fait la première partie de Brassens à Bobino, le public applaudissait invariablement aux mêmes vers dans Hécatombe, quand Brassens chante « Mort aux vaches/Mort aux lois, vive l’anarchie » ; et qu’invariablement il allait boire une gorgée après la chanson et, qu’invariablement, en passant près de Pierre Nicolas, lui disait : « ah les cons, ils ne comprennent rien à l’anarchie ».
Et j’ai souvenir de chansons bien raides sur leur socialisme, leur marxisme, leur révolution, leur vérité. Et parfois d’énigmes au cœur de ces années 70 au cours desquelles j’ai grandi. Pourquoi, chez un Gérard Delahaye si poète dans La Faridondaine (une chanson que m’avait fait écouter mon copain Jacques Garde et qui compte parmi celles qui auraient pu changer ma vie ; je veux dire qu’elle suscitait de belles tentations) ou dans Lucie la paysanne, trouve-t-on une bizarrerie aussi incommodante que Petite chanson pour Baader ?

dimanche 3 octobre 2010

Le moustique pique encore

Pour prolonger ma chronique de ce dimanche sur France-Info, je n’ai pas beaucoup de regrets cette semaine, à part peut-être Le Moustique de Richard Gotainer, traitement tout à fait idiosyncrasique du thème, et dont je me suis dispensé. Et il faut vraiment écouter tout en entier Moustique de Zao et surtout Les Moustiques par Luis Mariano et Annie Cordy, dont je n’ai passé que des extraits forcément trop courts. Deux chansons denses, bourrées de notations passionnantes pour qui s’intéresse à l’humain sous le texte.

dimanche 26 septembre 2010

Le mensonge, toujours si vrai

Pour prolonger ma chronique de ce dimanche sur France-Info, il faut évidemment parler de quelques regrets, comme de n’avoir pas pris la chanson de Clarika intitulée Je mens, qui faisait double emploi dans le sens avec Mentir de Maxime Le Forestier :
« Comme je respire, je mens,
Mon élixir, c'est le vent
Pour rien, pour dire, je mens
L'important, c'est mentir vrai
Comme je respire, je mens
Je vais, j'inspire l'air du temps
Pourquoi dire vrai, quand vraiment
La vie se vit mieux semblant »

Mais aussi le beau Je mens chanté par Juliette Gréco en 1953 :
« Je mens
Pour m'étourdir
Effacer dans mes rêves
L'ombre d'un souvenir
Je mens
Face à la vie
Face au monde qui m'ennuie
Face à tout ce qui vit
Pour toi que j'aime éperdument
Pour toi, souvent je mens
Je mens
Je mens »

Mais, des baratineurs de comédie jusqu’aux pieux mensonges de Qu'est-ce que tu voulais que je lui dise de Bénabar ou à La Nuit je mens d'Alain Bashung, ce thème est si vaste…

dimanche 19 septembre 2010

« La Retraite », plus belle que la retraite

Pour prolonger ma chronique de ce dimanche sur France Info, deux petits regrets-repentirs-choix bien obligés sur deux chansons qui n'y sont pas. D'abord j’aime beaucoup Les Retraités, la chanson de Thierry Stremler, pas follement gaie, il faut bien le dire.
Et plus encore, mais elle n’est pas tout à fait exactement dans le sujet du jour, La Retraite d’Allain Leprest. Texte magnifique, d’un optimisme désespéré, d’une lumière trop belle pour la vie – comme un rêve, mon Dieu ! Je ne suis pas tout à fait sûr que les derniers couplets arrivent souvent dans la vraie vie. Mais quelle beauté que celui-ci :
« T'as beau dire qu'on nous rend le cœur
Une fois vidé du meilleur
Qu'ils ont pris le tronc et la force
Qu'ils ne rapportent que l'écorce
N'empêche c'est déjà moins con
Que soit consigné le flacon
Qu'après le festin on nous laisse
Les arêtes de la vieillesse
Le temps d'finir la cigarette.
La retraite ! »

dimanche 12 septembre 2010

Une bavure chez Mireille

Pour prolonger ma chronique de ce dimanche sur France Info, une petite remarque sur Les Trois Gendarmes, chanté en 1933 par Mireille, qui en avait composé la musique pour le texte de Jean Nohain. Je ne crois pas sur-solliciter le texte en disant qu’il raconte une histoire de ripoux. C’est aussi une chanson de plus qui parle de la violence faite aux femmes.
Les deux premiers gendarmes pillent son panier d’œufs, le troisième déchire sa robe et lui dit « C'est toi que j'gobe/Viens par là, j'vais t'épouser ». Certes, elle finit la chanson en disant qu’elle se marie avec lui, mais la description est néanmoins celle d’un viol. D’ailleurs, lire le texte sans la musique fait plutôt froid dans le dos.
J'ai un vague souvenir d'une autre chanson sur la même trame, mais j'ai un gros trou de mémoire...

dimanche 5 septembre 2010

Romanichels, roms, tziganes, manouches

Pour prolonger ma chronique sur France-Info aujourd’hui dans « Ces chansons qui font l’histoire » et les trois chansons qui y ont été diffusées, voici quelques autres chansons sur ou avec des Roms, des Gitans, des Manouches, par ordre à peu près chronologique. Il en manque, assurément…

Bohémienne aux grands yeux noirs : Tino Rossi
La Roulotte des gitans : Rina Ketty
Le Gitan et la fille : Edith Piaf
Gitane : Francis Lopez
L’Étrangère : Léo Ferré, Sanseverino (texte de Louis Aragon)
Prière bohémienne : Félix Leclerc
Tzigane : Félix Leclerc
Les Gitans : Compagnons de la chanson
Lis-moi dans la main tzigane : Marie-José
Le Tzigane : Pia Colombo (texte de Boris Vian)
Magali : Robert Nyel
Les Deux guitares : Charles Aznavour
Les Derniers tziganes : Jean Ferrat
Les Nomades : Jean Ferrat
Gitane : Dalida
Tzigane : Dalida
Bohémienne et diva : Frédéric François
Le Gitan qui rit tout le temps : Gilbert Bécaud
Maria Szusanna : Michèle Bernard
Le Gitan : Daniel Guichard
Salut manouche : Renaud
Gitans : Francis Cabrel
Les gens du voyage : Gildas Arzel
Bohémienne : Notre Dame de Paris
La Gitane : Félix Gray
Gitan : Garou
Bohémienne : Marjo
Le Manouche : Zebda
Les Gitans : Mano Solo
Johnny : Bratsch
Sur les chemins de la bohème : La Rue Kétanou

vendredi 3 septembre 2010

« Ces chansons qui font l’histoire », toute l’année

Après quarante-neuf chansons en quarante-neuf jours sur France-Info cet été (cinquante, même, puisqu'il y en a eu une de plus "au cas où", qu'on ne trouve que sur le net), voici que « Ces chansons qui font l’histoire » devient une chronique hebdomadaire, tous les dimanches à 11h19, 13h49, 16h19, 19h47, 21h19 et 23h47 (six diffusions, donc).
Tout le long de l’année, mes chroniques seront centrées sur des thèmes d’actualité, avec des souvenirs, des paradoxes, des contrastes, des décalages puisés dans l’histoire de la chanson. Et, de temps à autre, des prolongements ici même, avec des listes comme je les aime, d’autres histoires, d’autres contrepieds, d’autres contrepoints (outre la diffusion des chroniques sur le site de France-Info pendant quelques jours après diffusion).
Et, par ailleurs, le livre est bien en librairie.

lundi 30 août 2010

Encore un…

Christian Pirot sort un nouveau livre de sa collection « Collectif chanson », Les grands interprètes. J’y signe les articles Juliette Gréco, dire ce qui n’a pas été dit dans ce qui est dit et Le métier d’être Johnny Hallyday, qu’il m’a bien intéressé d’écrire sur un angle assez neuf pour moi.
Cela me fait deux textes de plus dans la série, après Charles Trenet, un certain art du masque dans le volume Chroniques d’un âge d’or et L’affaire Vincent Delerm dans Le Bel Aujourd’hui de la chanson.
Et je devrais signer encore deux textes dans le prochain volume de la série, l’année prochaine – une star et un quasi-inconnu, je n’en dis pas plus…

mardi 13 juillet 2010

Ma série d’été, mon livre de rentrée


Cet été, je suis pendant quarante-neuf jours sur France-Info : sept semaines à raison d’une chronique par jour. Ces chansons qui font l’histoire sera aussi un livre le 25 août (coédition France Info-Textuel, la couverture ci-contre) avec onze chansons de plus. Déjà, il y a eu Asimbonanga de Johnny Clegg, hier, et Les Divorcés de Michel Delpech, aujourd’hui. Puis La Marseillaise, Le Régiment de Sambre et Meuse, Lili Marleen, Wannabe des Spice Girls, Amazing Grace… Je me suis bien amusé à écrire et à enregistrer. Tous les jours, une page nouvelle sur le site de France-Info pour écouter les chroniques si on les a ratées pendant les diffusions multiples.
Les horaires : du lundi au vendredi à 9h47, 11h47, 13h37, 17h37 et 21h37, le samedi à 9h49, 11h40, 13h47, 15h47, 17h17, 18h40, 21h17, 23h17 et 0h40 (neuf fois !), le dimanche à 10h17, 13h37, 17h37, 21h47 et 23h07.

samedi 3 avril 2010

Lise Lévitzky, enfin…

J’en avais entendu parler il y a dix-neuf ans quand on avait annoncé dans la presse que la première épouse de Serge Gainsbourg allait écrire ses mémoires. Mais le livre n’était pas venu… Après un certain nombre d’aventures pas toujours drôles pour elle, il m’est échu finalement d’aider Lise Lévitzky à écrire le récit de sa vie – « Quarante ans d’amour avec Serge Gainsbourg », dit le bandeau.
Belle aventure parce que belle rencontre. Et beau livre (c’est celui de Lise, pas le mien !), et beau récit, et beaux enseignements d’une vie rude, fervente, incroyablement romanesque.
Lise et Lulu parait donc le 15 avril chez mes amis de First. Je suis bien heureux d’avoir aidé à ce que cette histoire vienne enfin au jour.

samedi 13 mars 2010

Jean Ferrat, verbatim

J’aimais évidemment Jean Ferrat. Je l’avais plusieurs fois interviewé. Un joli souvenir d’une rencontre de 2003 :

« J’ai souvent traité en chanson des thèmes qui ne sont pas a priori des thèmes de chansons. C’est cela ma caractéristique, je pense. Plus on écrit sur des sujets qu’on peut penser inadaptés à la chanson, plus on est sur la corde raide. C’est terriblement difficile pour ne pas déraper d’un côté ou de l’autre.
Mais souvent vos chansons, même si elles sont très écrites, contiennent des expressions très familières, comme votre fameux Pauvres petits cons...
En effet, je privilégie souvent l’expression qui veut dire quelque chose à un langage extrèmement raffiné. « Pauvres petits cons », c’est une locution courante et il me semble qu’en l’occurrence, elle était particulièrement adaptée.

Vous êtes volontiers satirique...
Oh oui, j’ai fait des chansons satiriques, comme Jeunes imbéciles, sur les révolutionnaires soixante-huitards qui étaient sur les barricades et dont on voit où ils sont maintenant.

Vous n’avez pas aimé les révolutionnaires de mai-68 ?
Mais si, je les aimé, j’étais avec eux ! J’ai occupé Bobino, j’ai été à la Sorbonne... Certes, je n’ai pas été sur les barricades, ce n’était déjà plus de mon âge. Ce qui était touchant, c’est le jaillissement qu’ils ont provoqué à cette époque, qui était une jouvence extraordinaire en même temps que d’une extraordinaire puérilité. Tout d’un coup ils avaient la révélation et personne n’avait rien fait avant eux. Ils découvraient le monde du travail, l’exploitation capitaliste, des vieux qui maintenaient leur châpe de plomb et contre qui personne ne s’était jamais battu ! C’était d’une fraîcheur incroyable et sympathique, mais exaspérante. Ils niaient tous les efforts, toutes les luttes, tous les combats qui avaient eu lieu avant eux et dont ils se foutaient carrément.
On a créé un comité des jeunes de la variété, avec sans arrêt des réunions. On allait dans les usines en grève distraire le peuple en lutte. Ça avait des côtés formidables et des côtés un peu énervants. Comme ça, je suis allé chanter pour les grévistes chez Renault à Billancourt.
Il y avait de tout en 68, et même des « maos » pur jus avec leur livre rouge brandi dans la France profonde – la pensée de Mao dans la Sarthe ! C’était d’une puérilité à vous faire tomber les bras. Mais il y avait quelque chose qui se passait, une certaine France en mouvement. Et il est issu de ce mouvement des choses qui ont changé le visage de la France, surtout dans le domaine des mœurs, mais aussi dans le domaine strictement syndical.
Avant mai 68, on a dit « la France s’ennuie ». Elle s’était réveillée mais elle est vite retombée. Alors je suis parti en voyage aux États-Unis avec Eddie Barclay. Comme je suis très joueur, ça m’a beaucoup plu...


Vous jouez beaucoup ?
Je joue aux cartes - au poker, à la belote, au rami -, aux dames, à la pétanque, à la lyonnaise, à tout ce que vous voulez. Mais le casino m’ennuie un peu. Si j’y joue, c’est au vingt et un.

Avec vos chansons, on vous imaginerait plutôt puritain...
Pas du tout. J’aime rigoler avec les copains, boire un coup, jouer, tout ça...

La chanson est-elle un métier facile ?
Non, ce n’est pas un métier facile. Mais les gens ne savent pas si c’est facile ou pas ; ils reçoivent ce qu’on leur donne. Et, en général, c’est les paillettes. Ils ne voient que des gens joyeux, qui gagnent des sous. Il y a une distorsion terrible dans le public, entre la réalité qu’ils perçoivent à propos de quelques-uns et la vraie condition de tous les autres, de tous les soutiers de la chanson.
Aviez-vous des modèles, à vos débuts ?
Dans les années d’après-guerre, les chansons de Prévert et Kosma. Puis le répertoire que chantait Montand, qui était d’une extrème qualité, et qui m’a beaucoup influencé, non pas tant par son côté social ou politique, mais par la qualité des textes et des musiques dont il arrivait à faire des succès. C’est la démarche que, depuis le début, j’ai essayé de suivre.
Ce qui est pour moi un sujet de satisfaction, c’est d’avoir mis dans la rue des chansons issues de la grande poésie française, en particulier Aragon. Et je l’ai fait à l’encontre de tout ce qu’on me disait et de tout ce qu’on entend encore chez les gens de radio, chez les gens de ce métier dégueulasse, de ces marchands de merde qui tiennent aujourd’hui les propos qu’on me tenait à cette époque : « Oh c’est bien ce que vous faites, c’est beau, mais ça n’intéressera personne. C’est pour un petit cabaret de la rive gauche... » Et moi, j’ai prouvé le contraire. Et ces connards, vous croyez que ça leur a servi de leçon ? Non, on entend la même musique : ça c’est pour les jeunes, ça c’est pour les moins de quinze ans, les jeunes beurs, les jeunes blacks, les jeunes citadins… Mais où sommes-nous ? Enfin, je m’énerve. Des fois, ça déborde ! »

lundi 8 mars 2010

Un nouveau livre (encore !) : "Les Miscellanées de la chanson française"

Je sors un nouveau livre cette semaine, Les Miscellanées de la chanson française. Une vieille idée qui était née tout naturellement dans mon ordinateur, il y a des années, en faisant des listes – les jours de la semaine, les Holland-Dozier-Holland chantés par Claude François, les chanteurs morts en voiture, les chansons qui commentent des élections…
J’en ai parlé un jour à Gilles Verlant, ça l’a amusé, il en a lancé d’autres, j’ai écrit d’autres livres entretemps et donc le voici enfin, sous une couverture bleue bien chanson française, chez Fetjaine.
Il y a plein de listes, donc, plein d’histoires, plein d’anecdotes. Et puis des jeux, des private jokes, des citations idiotes, des secrets, des bizarreries, des indiscrétions (quelques passages sont parus sur ce blog, d’ailleurs). Je me suis bien amusé, évidemment. Les Miscellanées de la chanson française arrivent ces jours-ci dans les librairies, et se commandent à la
Fnac ou sur Amazon. Youpi.

vendredi 19 février 2010

Que reste-t-il de MC Solaar ? (au moins ça)

« Les nouveaux riches sont plus sincères
Ils savent mieux s’envoyer en l’air
A part peut-être MC Solaar
Qui doit bien planquer sa Jaguar
Et sa gourmette de chez Cartier
Qui fait chelou dans son quartier »

Sarclo, Les Riches, 1996

« Toi qui a mis
Sur ma langue ta langue amie
Et dans mon cœur un décalcomanie
Marqué liberté liberté chérie
Je donne des parts
Pour ce moment délicieux hasard
Adamo, MC Solaar »

Alain Souchon, Le Baiser, 1999

« Entre Rimbaud et Rambo
Y a quelque chose qui sonne faux
Entre Mozart et Solaar
C'est la même histoire »

Gérard Lenorman, Entre Lénine et Lennon, 2000

« Georges-Alain prendrait sa guitare
Cabrel viendrait lui montrer
Solaar s'il n'est pas en retard
Faut toujours pas rêver »

Jérémy Chatelain, Je veux qu’on m’enterre, 2006

« Je vois très bien en colibri
La belle Vanessa Paradis
Son Johnny Depp en très gentil moineau
Nougaro en petit taureau
Noiret en jeune éléphanteau
MC Solaar s'rait très bien en agneau »

Eddy Mitchell, L’Arche de Noé revisitée, 2006

lundi 8 février 2010

Willie Nelson, ou comment se tromper d’Amérique

Comment une star se plante-t-elle ? Comment un symbole peut-il se mettre hors sujet ? Il sort ses jours-ci un nouvel album de standards par Willie Nelson, American Classic, qui illustre combien on peut être américain, classique et pourtant à côté du propos. Déjà, il y a quelques temps, il avait enregistré Two Men With the Blues avec Wynton Marsalis – deux immenses personnalités, deux immenses talents, deux incontestables trajectoires américaines et quel plat, quel crash, quel effondrement… Et une belle erreur dans le titre : non, Willie Nelson peut exprimer mille sentiments, mille états d’âme, mille situations, mais certainement pas le blues.
Avec American Classic, même déception. Il y a Joe Sample, Christian McBride et Lewis Nash à la rythmique sur une bonne partie des titres, et pourtant tout ce qui devrait swinguer est amolli, dénervé, amorti. The Nearness of You, Come Rain or Come Shine, Ain’t Misbehaving, tout ce qui devrait s’insérer dans une tradition de doigts qui claquent et de mesure bien marquée se retrouve curieusement moelleux, rectiligne, éclairé a giorno. Pourtant, Willie Nelson a souvent su poivrer ses disques, leur donner une âpreté et un rugueux qui disaient la vraie vie, les sentiments forts, la rudesse du destin – l’Amérique, quoi.
Curieuse leçon : personne n’est un génie partout ; il existe parfois des frontières de genre, et qui comptent vraiment. Et, quand on parle de l’Amérique, il faut donc croire qu’il n’y a pas une seule Amérique…

mercredi 3 février 2010

Christophe, au passage

Petite rencontre, hier, avec Christophe, pour une interview filmée réalisée en pool. Plaisir romanesque, toujours, du dialogue dans lequel il rêve de Timbaland et Thom Yorke, de ses envies à la Kubrick ou à la Lynch. La posture unique de cet interviewé qui dit à l’intervieweur : « Si vous ne me rattrapez pas au vol, ce n’est pas moi qui vais vous rattraper. »
Attrapés au vol, quelques copeaux d’un discours touffu, emmêlé, foisonnant, torrentueux, joycien, étourdissant :
« Je suis un voyeur, j’adore entendre les autres dans le silence. J’adore entendre les autres parler. »
« Je crois que je n’ai jamais eu le mauvais côté de l’ego. J’ai un ego qui m’aide à me construire. »
« C’est comme un film de science-fiction, la création. Je ne comprends pas toujours comment ça se fait. »
« Je me souviens de Michel Drucker annonçant : « Eh maintenant, Mireille Mathieu va chanter devant vous a cappella. » Moi, jamais je ne ferai ça. L’a cappella, c’est pour les chanteurs. Je ne suis pas un chanteur. »
« Si je pouvais ne chanter qu’à minuit, j’aurais été un grand chanteur. Comment on peut avoir du feeling à 20h30 ? »

samedi 30 janvier 2010

Die Antwoord, sommet white trash

Le meilleur groupe white trash au monde vient de l'univers zef. Dans le zef, sous-culture afrikaaner de banlieues miteuses, on retrouve l’esprit qui souffle peut-être autant dans les trailer parks d’où sortent Eminem, Lynndie England et ma bien-aimée Candye Kane que dans nos banlieues de pavillons où prospèrent Orelsan ou Soldat Louis. Je suis tombé l’autre jour sur Die Antwoord, trio rap du Cap (Kaapstad, en l’occurrence). Incroyable mauvais genre ethno-punkette givrée de Yo-Landi Vi$$er, tatouages de reprise de justice (ou de légionnaire au gnouf) de Ninja, beats crades du DJ Hi-Tek (et sa tronche, mon Dieu !). On croise le pire et le meilleur, l’explosion électro-punk en afrikans et le refrain techno-pop, le cliché gangsta US et des clashes sonores qui ne doivent exister qu’au Cap. Deux vidéos. Zef Side, leur single, sur un EPK avec interview et des images de reportage qui éclairent sur le contexte. Et puis leur tube Doos dronk dans un contexte white trash européen assez impressionnant. J’adore.


mardi 26 janvier 2010

Fool’s Gold : l’überworld est là

Le boulot nous amène à de drôles de rencontres. Depuis deux jours, je ne lâche pas, alternativement, l’album de Fool’s Gold sur Spotify et leurs vidéos sur leur Myspace. Il fallait trouver l’idée : emmêler highlife, soukouss, afrobeat, beat éthiopien, mbalax, musiques maliennes et quelques échos moyen-orientaux, tout ça à Los Angeles avec des musiciens (tous blancs ou à peine bistres) venus essentiellement du rock. Comme les deux fondateurs, Lewis Pesacov (qui a travaillé avec Konono n°1 et Vieux Farka Touré) et Luke Top, sont israéliens, la plupart des chansons sont en hébreu, ce qui ne manque pas d’un certain sel.
Mieux que la world, une sorte d’überworld dans lequel le monde se met volontiers à l’envers, dans lequel les emprunts et les ascendances se dessinent absolument sans complexe. On avait entendu chez nous
l’Éthiopie bretonne de Badume’s Band, et j’aime bien l’idée de ces Américains jouant cette musique africaine notamment parce qu’elle va bien avec la chaleur et le désert californiens.

mercredi 20 janvier 2010

Quelques proverbes

Après la pluie, le beau temps, Patrice et Mario (photo), 1948
Le travail c’est la santé, Henri Salvador, 1965
Quand faut y aller, faut y aller, Henri Salvador, 1966
Jamais deux sans trois, Pierre Bachelet, 1976
Mieux vaut tard que jamais, Admirall, 1999
L'important c'est de participer, Bertrand Betsch, 2005
Pas de bras, pas de chocolat, Bertrand Betsch, 2005

En revanche, Dans la vie faut pas s'en faire par Maurice Chevalier n'est pas inspiré d'un proverbe. C'est le succès la chanson qui a suscité l'emploi proverbial de son refrain.

lundi 18 janvier 2010

Twin Twin : les années 80 en mieux

L'autre jour, ma joyeuse camarade Marie Audigier présentait au Lavoir Moderne Parisien les artistes de structure ODJ Music. Cascadeur, que l'on a pas mal l'occasion de croiser ces temps-ci, et Twin Twin. Mon Dieu ! Le time warp ! J'ai été ravi sur le coup et je ne suis toujours pas redescendu. Je retourne régulièrement à leur Myspace qui me réjouit raiment.
Le pitch ? Les années 80 comme on aurait aimé qu'elles soient. Quelque chose de joyeux, sans que pour autant les textes expriment l'inconscience si bien portée à l'époque. Des rythmiques survoltées qui ne cherchent pas l'hypnose. Des textures low tech qui expriment une vraie allégresse et pas le spleen vaguement mancunien de la première new wave. Des titres comme Vive la vie sont brillants, surtout sur scène. Et j’ai trouvé
une version en vidéo qui fait un peu penser à la préhistoire de Bérurier Noir, avec moins de colle à rustine et moins d’auto-apitoiement. Les titres du Myspace ont encore un peu trop de sérieux slam-rap mais, en concert, ils entrent dans une ébullition particulièrement généreuse. Cela faisait une certaine lurette que je n’étais pas amusé autant à un concert de nouvel artiste.

jeudi 14 janvier 2010

Merde in Dutronc

Hier au Zénith pour le concert de Jacques Dutronc. Que des tubes. Et j’ai encore bien ri – si on appelle ça rire – avec Merde in France, à la fin du set. Chanson en yaourt, c’est entendu. Mais avec des paroles, des vraies. Au début :
« Hey la fauchonne conne d'you, mouloud
Lavabo trottoir Mouloudji
Merde in France »

J’aime le sens de tout cela : « Lavabo trottoir Mouloudji merde in France ». Évidemment, ça ne veut rien dire. « Lavabo trottoir Mouloudji merde in France », ça ne signifie rien, c’est du yaourt. C’est ce qu’il a dit quand c’est sorti, en 1984. Ça ne veut rien dire.
Mais, déjà, en 1992 au Casino de Paris, il y avait un changement. Il a commencé à chanter « Lavabo trottoir mouloud merde in France ». Et encore, « mouloud », ce n’est pas tout à fait ça. C’est plutôt « mmoulud » sur un timbre sourd, avec un petit dièse et une note plus longue pour compenser la disparition d’une syllabe. Et c’est à chaque fois comme ça. Exactement les mêmes mots, les mêmes notes, les mêmes tout. On va finir par croire que « Lavabo trottoir Mouloudji merde in France », ça voulait dire quelque chose, puisqu’on ne le chante plus.
Cela dit, le concert est très bien.

mardi 12 janvier 2010

Des anges...

Dors mon petit ange, Henri Salvador, 1951
Trois anges sont venus sur la terre, Armand Mestral, 1953
Johnny tu n’es pas un ange, Édith Piaf, 1953
Avec les anges, Zizi Jeanmaire, 1957
Que je sois un ange, Nana Mouskouri, 1974
Le Parking des anges, Marc Lavoine, 1985
Voilà les anges, Gamine, 1988
Tous des anges, Zazie, 1998
Mon ange, Nathalie Cardone, 1999
Ange étrange, David Hallyday, 2000
Je ne suis pas un ange, What For, 2002
Le Saut de l’ange, Emma Daumas, 2003
Sous l’œil de l’ange, K-Maro, 2004
Un ange frappe à ma porte, Natasha St-Pier, 2005
Un ange à ma table, Indochine, 2009

dimanche 10 janvier 2010

Mano Solo, au bout de quinze ans

On a beau savoir que ça va arriver, à lui plus qu’à un autre, on est forcément un peu surpris, surtout une semaine après Lhasa – même si ça n’a rien à voir. Donc, Mano Solo est mort et je n’ai rien à retrancher à tout ce que j’ai écrit sur lui, malgré qu’il m’eut traité de con dans un canard pour lequel je travaillais (trop aimable, le red chef, d’ailleurs). Toujours le même saisissement, la même admiration, le même agacement. Les paroles qui ne laissaient place à aucun confort, même à celui des fans. Le regard toujours hérissé de hargne et d’impatience – une impatience qui s’incarnait dans son chien, survolté et jamais entravé par une laisse. Les camaraderies avec des gens qui me sont chers, comme évidemment les Têtes Raides.
Dimanche soir, j’ai parlé sur Inter et sur RFI, j’ai écrit ma nécro pour rfimusique.com et j’ai finalement plus parlé beaucoup venu sur cette sorte de malchance générationnelle dont il souffrait : la génération de son père avait inventé toutes les libertés et le couvercle lui est retombé sur la gueule. Et il était encore trop jeune pour inventer le punk et l’alternatif…
La dernière fois que nous nous étions rencontrés, en 2003, il m’avait dit une très belle chose, qui me parait être le meilleur résumé de son histoire : « Il y a quinze ans, je trainais torché dans le quartier des Halles, avec ma guitare, et personne ne me regardait. Maintenant, les gens me disent dans la rue : « Mano c’est super ce que tu fais ». Mais après, ils n’ont plus rien à dire et moi non plus. »

vendredi 8 janvier 2010

Speech Debelle, évidemment

Depuis quelques jours, je reviens et reviens encore comme un maniaque à l’album de Speech Debelle, Speech Therapy. Quelque chose de The Streets évidemment, dans l’accent, la scansion, la manière de synthétiser sociologie et petits événements personnels. Évidemment Tracy Chapman, aussi, ou Minnie Riperton, dans le mélange de fragilité juvénile et d’aplomb un peu crâne. Et une façon très singulière de réintroduire le folk et même le lounge dans les couleurs de sa musique. Comment ne pas considérer son Buddy Love comme un classique immédiat ? Rap doux, soul, jazz, pop, sentiment, vie...
Ce n’est pas seulement un avatar nouveau de l’aventure hors norme du hip hop anglais, mais quelqu’un que l’on est sûr de fréquenter encore quand on aura oublié son Mercury Prize. Important.

jeudi 7 janvier 2010

Johnny Hallyday, notre Babel

Hier soir, j’étais dans l’émission de Guillaume Durand, « L’Objet du scandale », pour un débat (très agréable, au demeurant) autour de Johnny. Est-ce qu’on peut débattre de Johnny ? Ce n’est pas la première fois que je participe à l’exercice (il y avait Véronique Mortaigne qui vient de sortir Johnny le roi caché, Hugues Aufray, Tony Franck, Guy Carlier, Jacques Séguéla) et je suis toujours surpris par la manière dont les désaccords sont plutôt des désaccords ordinaux ou relatifs – il est plus Maurice Chevalier qu’Elvis Presley ou plus Elvis que Momo ; il est plus consensus que rébellion, ou plus rébellion que consensus ; et ainsi de suite…
Sur l’essentiel, tout est acquis, tout est dit, tout est répété. Et il est difficile même d’aborder en profondeur la saturation de l’espace entier par Johnny, l’obsessionnelle intérêt de notre pays pour Johnny, même quand il ne fait rien et même quand il n’est nulle part. Le plus fascinant de l’histoire n’est pas l’unanimité du propos, mais le brouhaha dans lequel il s’exprime. Tous – intellos, droite, gauche, marginaux, mainstream, babyboomers, trentenaires –, tous sont effarés par sa popularité, sa stature, son omniprésence. Et tous l’expriment avec leurs mots, leur sensibilité, leur univers, leur rhétorique. Il en résulte un singulier brouhaha où se croisent non des discours contraires ou même différents, mais mille fois le même discours, diffracté, répercuté, nuancé, individualisé à l’infini. Comme si, en débattant de Johnny, chacun brandissait sa propre identité. Au fond, d’ailleurs, cela ressemble à ce qui est raconté dans Genèse, XI : « Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. (…) Ils se dirent l’un à l’autre : (…) « Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre. » Or, en voulant construire cette tour qui dirait l’unité de tous, c’est l’éparpillement des langues et la dispersion des hommes qui survint. Un débat sur Johnny raconte bien cela : même l’admiration commune ne soude pas les paroles.

mercredi 6 janvier 2010

So tellement en French (et j'en oublie)

Bye Bye Love, Sylvie Vartan, 1962
Wight Is Wight¸ Michel Delpech, 1967
Love Me Please Love Me, Michel Polnareff, 1967
Love Maestro, Please, Sheila, 1969
Mamy Blue, Nicoletta, 1971
Butterfly, Danyel Gérard, 1971
Kiss Me, C. Jérôme, 1972
Melody Man, Sylvie Vartan, 1973
This Melody, Julien Clerc, 1975
Monday Tuesday, Dalida, 1979
Stand The Ghetto, Bernard Lavilliers, 1979
Hold Tight, Jacques Higelin, 1979
It Is Not Because You Are, Renaud, 1980
Love On The Beat, Serge Gainsbourg, 1984
Body Physical, Buzy, 1986
Groove, Baby, Groove, Michel Jonasz, 1992
Shame On U, Ophélie Winter, 1993
Baby Carni Bird, Jean-Louis Murat, 2002
Loser, Merlot, 2008

mardi 5 janvier 2010

Les Francs Garçons, notre meilleur passé

L'autre jour chez Valli, nous discutions de Sting et de son If On A Winter’s Night, que j’ai beaucoup réécouté ces jours-ci – après tout, c’est l’hiver. De façon moins ouvertement didactique que pour Songs from the Labyrinth, consacré aux chansons de Dowland, il manifeste combien les Anglais sont à l’aise avec leur passé et, en creux, combien nous avons, en France, une réticence presque génétique à nous emparer du passé.
Certes, on compile avec bonheur tous nos grands maîtres du passé et la reprise un peu érudite est, dans tous les genres en usage en France, une obligation presque syndicale à tous les concerts. Mais les rares entreprises d’exploration-réappropriation-réinterprétation de notre patrimoine musical sombrent en général dans l’indifférence, comme le sublimissime album D’un siècle à l’autre, qui reprenait en 2007 quelques joyaux de la mélodie française. Et il faut être un cinglé, j’avoue, pour chanter en France la gloire de Richard Thompson et de son 1000 Years of Popular Music dont il a dû se vendre quatorze exemplaires dans les Fnac – dont treize à des anglo-saxons exilés.
Donc voilà : je n’ai pas un amour immodéré pour Sting, The Police et l’écologisme à cheveux courts, mais je dois reconnaitre que je suis jaloux. Alors, nous eûmes bien Malicorne et Marions les roses, Guy Béart et Vive la rose, La Tordue et La Rose et le Réséda (eh oui, mon gars, c’est une liste cohérente aussi pour sa valeur culturo-musicale, pas seulement pour l’horticulture). Mais encore ?
Je ne désespère pas que l’on réévalue un jour les Francs Garçons, qui est un de mes groupes préférés depuis la fin des années 60. Pendant vingt ans, je ne les avais pas réécoutés jusqu’à ce que je rachète, il y a une douzaine d’années, un de leurs 33 tours. Et là, boum badaboum, l’amour fou : toute l’histoire de notre chanson ramassée, des complaintes antimilitaristes du Premier Empire à Quand un soldat de Francis Lemarque, les fantaisies d’ancien régime (La Fille du marché ou le très vénérable Le Roi a fait battre tambour) et Le Petit Oiseau de toutes les couleurs de Gilbert Bécaud. Et tout ça est à la fois trad et avant-garde, Art Ensemble of Chicago et Enfants Terribles, très vocal et très instrumental, très révolutionnaire et très enraciné.
Vu l’état actuel de la maison Sony, je désespère que leur premier album CBS soit un jour réédité, et nous sommes encore loin des cinquante ans qui me permettraient de tout faire partager librement des Francs Garçons sur un site ou un autre. Heureusement, il doit y avoir à l’Ina un frappé dans mon genre. Les quatre seules chansons interprétées à la télé par les Francs Garçons sont disponibles au téléchargement (ce que vous aviez compris si vous aviez suivi les liens ci-dessus, mais les titres donnés par l'Ina sont en général fautifs). Je n’irai pas jusqu’à dire que je suis prêt à rembourser les déçus – je suis Auvergnat, aussi – mais le cœur y est...

lundi 4 janvier 2010

Lhasa De Sela, 1972-2010

Elle chantait, elle écrivait, elle était parfois artiste de cirque, parfois plasticienne… Elle faisait beaucoup de choses et elle disait : « Ça ne complique pas la vie d’avoir deux bras. C’est très naturel. Je suis entière comme ça. »
Il y a quelques années, je l’avais interviewée et cela avait été un très beau moment. Une sorte d’aristocrate de la bohème, d’artiste absolue animée d’autant de force que d’inquiétude, de sérénité que d’attention aux cahots de la route. Une femme en dehors de toute norme, si romanesque qu’elle ne semblait pas toujours appartenir à la commune humanité.
Elle disait, notamment :
« Il y a beaucoup de choses que je déteste. Je déteste surtout la musique qui n’a pas d’âme. La musique faite par des machines peut être très belle. C’est une pensée de machine que je n’aime pas. »
« Je ne m’imagine pas avoir pris une autre route. J’ai commencé à chanter devant les gens quand j’avais treize ans et j’ai tout de suite senti que c’était ce que je voulais faire. Or la vie n’est pas absolument pas comme ça : on ne va pas du point a au point b. Mais je vois, maintenant, que les pas que je faisais allaient toujours plus vers la musique que vers autre chose. »
« Même des artistes que j’aime beaucoup m’ont dit qu’ils avaient le regret de n’être pas allés jusqu’au bout dans leur propre musique, de ne pas s’être fait confiance jusqu’au bout. Je trouve plus difficile de ne pas aller jusqu’au bout. »
« Vous voyez les poussettes de supermarché qui ont une roue qui vous attire vers le côté ? La vie c’est pareil. Il y a une roue tordue et il faut toujours compenser. La roue tordue, c’est la peur. »
« Je suis de tendance triste et de nature gaie. »
Lhasa De Sela est partie le 1er janvier. Elle n’avait pas trente-sept ans depuis bien longtemps.

samedi 2 janvier 2010

Bloguer, ne pas bloguer, bloguer...

Pourquoi tenir un blog ?
Pendant un bon bout de temps, parce que j’avais beaucoup de choses à dire et de moins en moins de place pour le dire, parce que dans la presse généraliste comme dans la presse spécialisée on se soucie de plus en plus d’une certaine efficacité et on émonde toujours plus les menus, parce que ce dont je parle avec le plus de passion à table avec les copains est souvent ce qui intéresse le moins un rédacteur en chef.
Et puis aussi parce que, dans des journées de journaliste de la presse quotidienne, il y a énormément de temps morts, énormément de temps perdu, énormément de temps vide – même quand on écrit deux cents papiers par an. Alors Pas plus haut que le bord a eu cette fonction curieuse d’être à la fois le produit dérivé de mon activité principale et le dérivatif de mon activité principale.

Pourquoi ne pas tenir un blog ?
Quelques semaines après avoir quitté Le Figaro, j’ai arrêté d’alimenter régulièrement ce blog pour des raisons symétriques à celles qui me l’avaient fait ouvrir : j’écris trois livres en même temps, je fais plein de radio, je travaille sur des documentaires, j’ai toujours deux ou trois piges sur le feu et je mène quelques belles aventures de mercenaire de la plume. Alors, le blog…

Pourquoi tenir un blog ?
Il y a toujours autant de choses qui restent dans les coins, autant de choses qui ne passionnent que moi et les gens que j’aime (ce qui, l’expérience le prouve, est d’une portée plus lointaine que les parages de mon nombril) et puis la curieuse manière dont, de lieu en lieu, d’idée en d’idée, de projet en projet, de rencontre en rencontre, de domaine en domaine, le fil reste tendu. Eh oui, l’intérêt pour les bas-côtés de l’autoroute, pour les sentiers perdus, pour les impasses oubliées, pour les lieux aberrants comme pour les places publiques, une sorte de constante absolue dans tout ce que je fais – et je fais pas mal de choses différentes !
Et aussi parce que la plupart de mes copains ignorent les trois quarts de ce que je fais et que je n’ai pas envie d’être sur Facebook pour les tenir au courant (en fait, c’est plus compliqué ; je suis sur Facebook avec un pseudo pour aller regarder les amis Facebook de mes amis dans la vraie vie ; c’est con-con, j’en conviens, mais ça me suffit ; et, au passage, bip up à Marion B. dont l’argumentation m’a fait douter, ce qui est la performance rhétorique de l’année 2009).
Et aussi parce que, entre les livres, entre les piges, entre l’écriture mercenaire, entre la radio et la télé, entre ma famille (j’ai une carte -40% SNCF, quand même) et mon amour, il reste parfois un petit moment pour bloguer, et qui sont mieux utilisées qu’à jouer au casse-brique sur mon Blackberry (j’ai dépassé les 10000 au score, et je ne sais pas vraiment si c’est un score minable ou si je peux me la péter ; c’est dire à quel point je perds mon temps avec ça).
Mais ça n’a rien à voir avec le début d’une nouvelle année. Promis.