Mano Solo, au bout de quinze ans
On a beau savoir que ça va arriver, à lui plus qu’à un autre, on est forcément un peu surpris, surtout une semaine après Lhasa – même si ça n’a rien à voir. Donc, Mano Solo est mort et je n’ai rien à retrancher à tout ce que j’ai écrit sur lui, malgré qu’il m’eut traité de con dans un canard pour lequel je travaillais (trop aimable, le red chef, d’ailleurs). Toujours le même saisissement, la même admiration, le même agacement. Les paroles qui ne laissaient place à aucun confort, même à celui des fans. Le regard toujours hérissé de hargne et d’impatience – une impatience qui s’incarnait dans son chien, survolté et jamais entravé par une laisse. Les camaraderies avec des gens qui me sont chers, comme évidemment les Têtes Raides.
Dimanche soir, j’ai parlé sur Inter et sur RFI, j’ai écrit ma nécro pour rfimusique.com et j’ai finalement plus parlé beaucoup venu sur cette sorte de malchance générationnelle dont il souffrait : la génération de son père avait inventé toutes les libertés et le couvercle lui est retombé sur la gueule. Et il était encore trop jeune pour inventer le punk et l’alternatif…
La dernière fois que nous nous étions rencontrés, en 2003, il m’avait dit une très belle chose, qui me parait être le meilleur résumé de son histoire : « Il y a quinze ans, je trainais torché dans le quartier des Halles, avec ma guitare, et personne ne me regardait. Maintenant, les gens me disent dans la rue : « Mano c’est super ce que tu fais ». Mais après, ils n’ont plus rien à dire et moi non plus. »
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