Les trente ans de « Rockollection » de Laurent Voulzy
Vendredi à l’Olympia, première de Laurent Voulzy. La Septième Vague triomphe, avec ses chansons de goût douteux devenues de nouveaux classiques licites – Everybody’s Got To Learn Sometime des Korgis, Yesterday Once More des Carpenters. On en oublie le trentième anniversaire de Rockollection, on en oublie qu’en 1977 ce fut déjà un hold-up génial sur la mémoire. A Hard Day’s Night des Beatles et Satisfaction des Rolling Stones dans le même sac que The Loco-Motion de The Little Eva (Carole King peut-être, mais The Little Eva quand même !), c’était déjà un discours postmoderne, un manifeste de liberté d’élection. Voulzy mettait à même hauteur (celle du « truc qui colle encore au cœur et au corps ») les maîtres pour lesquels on se serait fait couper un bras (Beatles, Dylan, Stones) et l’écume des tubes, le refrain d’un été, un instant d’adolescence.
Rebelote l’an dernier avec son disque de reprises de chansons de vacances : La Madrague de Brigitte Bardot (une chanson médaillée, respectée, révérée) à côté d’Oh Lori des Alessi Brothers (qui ça ?, demande tout le monde). Rebelote avec le Rockollection de vingt-trois minutes qu’il joue vendredi soir : toujours les Beatles au deuxième couplet (cette fois-ci, Eleanor Rigby, Get Back et A Hard Day’s Night), un attelage Herman’s Hermits-The Kinks au huitième (No Milk Today et You Really Got Me, ça semble raccord si on s’en tient à la seule chronologie, mais quel choc entre chanson pour collégiens et rébellion existentielle) et un bombardement tous azimuts à la coda : Heart of Glass de Blondie, Moonlight Shadow de Mike Oldfield, Tri Martelod d’Alan Stivell, Pass the Dutchie de Musical Youth, Don’t Stand So Close to Me et Message in a Bottle de The Police… Si on écrit une histoire des musiques populaires, il y a là des gens qui ne feraient pas une note de bas de page. Mais ces chansons sont dans Rockollection, hors de tout a priori et sans risquer le délit de sale gueule.
Une leçon ? Simplement celle du sourire et du plaisir, la leçon de la chanson qui reste attachée à la mémoire malgré tout ce qu’on est censé dire en voyant la pochette chez un copain. Nous, cadets de Voulzy, sommes parfois fiers d’être la première génération postmoderne, d’être les premiers à nous être libérés des glorioles et des fureurs de la modernité et de la distinction. Or voilà : ça a commencé il y a trente ans, avec Rockollection.
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