mardi 15 mai 2007

Linkin Park et les lois de la normalisation

Linkin Park a été une histoire d’adolescence, de fièvre et d’envie. Il s’agissait d’établir le vacarme avec les instruments disponibles dans l’époque : les guitares et les cris du metal, les scratches et les slogans du hip hop. Les gamins s’amusaient de ce bricolage bruyant, les parents étaient vaguement agacés – les uns à cause du son, les autres parce qu’il leur semblait entendre les Stooges ou Public Enemy sans un mot de vraie révolte.
Est-ce qu’on dira qu’avec Minutes to Midnight ces Californiens jettent le masque ? Est-ce qu’on accusera le producteur Rick Rubin (accoucheur chez Red Hot Chili Peppers, sorcier sardonique de Slayer, serviteur génial des dernières années de Johnny Cash) d’avoir une fois de plus conduit par la main un groupe vers la caisse du supermarché ? Est-ce qu’on ne parlera pas plutôt de l’implacable mécanique des lois de normalisation ? Car, à part la nécessité de chanter les mêmes titres dans un stade et sur « MTV Unplugged », qu’est-ce qui peut pousser à écrire de si scolaires pastiches de U2 ? A part la pratique des listes de diffusion sur les iPod (qui démembrent et éparpillent les albums), qu’est-ce qui peut conduire un groupe au son si reconnaissable à sautiller désormais de style en style et de couleur en couleur ? A part la mollesse générale du marché de la musique, qu’est-ce qui peut inciter un groupe dont l’âge laisse espérer encore une longue carrière à poser en préretraité de la pop ? Autrement dit, si seulement deux titres de Minutes to Midnight rappellent vraiment ce qui fit la pertinence et la gloire de Linkin Park, n’est-ce pas un signe de plus de la panique qui a saisi le monde des variétés internationales, bol d’eau tiède dans laquelle on laisse flotter çà et là une rondelle de piment pour se souvenir des nourritures puissantes de jadis ?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Sans vouloir être méchant, je vous le dis, mais vous êtes à côté de la plaque....

Linkin Park a toujours été un très mauvais groupe, très formaté, et très commerciale... que dire de plus...

si ce n'est que c'est sur les labels indépendants que se trouve les meilleurs artistes de ces quatre dernières années...

Pour n'en citer qu'un je dirai le très dafty " Ed Banger Records ".

Anonyme a dit…

hello Bertrand,
sans aller plus haut que le bord, ce qui serait inintéressant, je ne suis pas loin de penser comme la personne qui m'a précédé et me pose la question : pouvait-il en être autrement ?
car force est de constater que si l'ambiance fin de millénaire / siècle a permis l'éclosion de nombreux groupes intéressants, libérant leur fougue et leur désillusion dans des déluges soniques dont le charme fut perdu depuis l'absence des MC5 / Stooges etc, rares sont ceux qui ont su évoluer
on peut raisonnablement compter parmi eux les précurseurs Rage Against The Machine, les At The Drive-In (et leur progéniture Mars Volta) à l'incroyable créativité, KoRn(malgré l'inaudibilité de certains albums), les janusiens Tool / A Perfect Circle, les époustouflants System Of a Down, Queens Of The Stone Age (dont on attend avec circonspection leur nouvelle livraison) ...
mais la déception a été bien grande pour les autres (Muse, Papa Roach, Deftones, Alien Ant Farm, et autres Linkin Park) : les riffs n'étaient déjà pas neufs et se ressemblaient étrangement d'un titre à l'autre, les alternances chant/hip-hop ne menaient nulle part, et tout cela finalement a lassé assez rapidement
finalement, le grand mérite qu'on peut leur reconnaître, c'est d'avoir rendu aux "vrais" instruments de musique leur séduction outrageusement confisquée par les années électro/techno
(et d'avoir donné à Limp Bizkit l'inoubliable occasion de composer le sigle de l'été 2000 avec la BOF de Mission Impossible 2 :) )

Bertrand Dicale a dit…

Cher P-O, j'ai aussi écouté le prochain Queens Of The Stone Age. La circonspection se justifiait amplement...
Pour ma part, je vais faire le plein de puissance, ces jours-ci, avec les Québécois de Galaxie. Metal dru et franc, avec un exotisme curieux du chant.
Cheers.