lundi 10 décembre 2007

MC Solaar, une histoire de chansons

Depuis une lointaine lurette, MC Solaar n’avait plus fait de scène. L’y revoici, dimanche soir au Bataclan, bien entouré (DJ-clavier, guitare, basse, batterie, trois choristes-MC). Couleurs volontiers rock, volontiers fières, volontiers convergentes avec le commun des mortels.
Il y a une délectation aznavourienne à retrouver Bouge de là, Caroline, Nouveau western, Qui sème le vent récolte le tempo, tout un panthéon de titres qui touchent, frappent, caressent, émeuvent avec une efficacité étourdissante. Bien sûr, si ses problèmes avec Universal n’avaient pas gelé son catalogue, il y aurait sans doute plus de chœurs du public, peut-être plus de gamins qui, souvent, ne connaissent Solaar que de réputation (un bon best of de temps en temps, ça réveille les chansons).
Chansons, justement. On peut commencer à amorcer un bilan, non ? Il y a quinze ans, son premier album le mettait dans le premier numéro de Chorus qui, comme tout le monde à l’époque, se posait des questions sur une possible entrée de ce garçon-là (ou d’autres) dans le caveau de famille de Bruant, Brassens et Renaud. A entendre les objets musicaux qu’il affiche sur scène, on est obligé de convenir qu’il n’est pas loin du compte. Il ne s’agit pas seulement du style, de la forme, de la scansion, de telle ou telle liberté ou de telle ou telle guinde dans son expression. Non, ce qui le constitue homme de chanson tient sans doute à ce que sont devenus les titres cités plus haut – des familiers, des compagnons, des exemplae le cas échéant. Victime de la mode est à la fois classique et tout proche, Bouge de là reste une déambulation de comédie… C’est cela, l’aznavourisation, à la fois glorieuse et difficile à gérer : que les chansons finissent par sembler vivre plus densément dans la salle que sur la scène, que l’artiste soit toujours, quoiqu’il fasse, en-deçà des dimensions de mythe de ses créations. Ici ou là, il en reprend une à son public, comme La Concubine de l’hémoglobine, qui passe à une forme dilatée, rock, reconstruite. Et puis, pour le reste, il offre son gros bouquet de chansons énormes, tout en présentant les nouvelles pousses de l’année.

2 commentaires:

Lou a dit…

J'avoue le rap j'ai du mal à accrocher
les chaînes en or qui brillent, les paroles qui quelque soit le sujet qu'elles abordent nous font violence... c'est pas ma tasse de thé
Mais MC Solar m'ait toujours apparu comme le plus abordable de sa catégorie et en effet il commence à un être un peu un vieux du milieu !

Anonyme a dit…

Tout a fait d'accord avec cette vision aznavourienne de Solaar et cette définition de la chanson dépassant son auteur pour appartenir au public, l'auteur devant de temps en temps ôter le pain de la bouche et se réapproprier sa création pour destabiliser les gens.