lundi 3 décembre 2007

Radio Nova, à rebours du temps

L’an dernier, Nova avait sorti un coffret tout jaune avec vingt-cinq CD pour vingt-cinq ans de radio. Impressionnant, certes, mais un rien narcissique, après tout. Voici un exercice bien plus stimulant, 1956-1980, les racines de Nova : vingt-cinq CD pour les vingt-cinq années d’avant. Donc Bizot et Kolpa Kopoul ont fouillé dans la production de chaque année ce qui aurait été l’enthousiasme de la radio si elle avait existé.
Evidemment, c’est encore plus facile, dans ces conditions, d’avoir bon goût ! Mais c’est passionnant de voir réécrire les hiérarchies, de voir reconstruire le passé : M. William par Léo Ferré, In a Mellow Tone par Lambert, Hendricks & Ross, la confrontation de Please, Please, Please par James Brown et Les Pantoufles à Papa par Jean Constantin (ça, c’est diablement pertinent !), Yaô par Pixinguinha… Une nouvelle carte des goûts, des courants, des connexions, des croisements, comme l’histoire à la fois underground et révélée de notre culture populaire. Çà et là, bien sûr, un peu de révisionnisme ne fait pas de mal, comme l’exhumation du Moral nécessaire d’Alfred Panou, un des pires désastres commerciaux du label Saravah (1970) ou des Nuits d’une demoiselle par Colette Renard (1963) qui ne dépassa guère la diffusion sous le manteau (et pour cause !) à l’époque.
Mais on entend un autre air du temps, sans Beatles et avec le Tiers-Monde, sans pop music et avec la constante réflexion du jazz, sans yé-yé et avec les quartiers noirs de l’Amérique. Géopolitiquement, c’est sublimement généreux. Culturellement, c’est plus du Greil Marcus que de l’histoire rigoureuse. Musicalement, c’est étourdissant. Et puis, c’est jouissif. Jusqu’à présent, on a l’impression que le passé des compilations nous était toujours raconté par France Inter ou par RFM…

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