jeudi 8 mai 2008

Florin Niculescu et les ailes de Stéphane Grappelli

Depuis une dizaine d’années, Florin Niculescu donne ses coups d’archet dans les studios français. Il fait partie des musiciens que l’on appelle dès que l’on a besoin d’entendre une couleur manouche et – disons-le tout net – la mémoire du violon ailé de Stéphane Grappelli. On l’a entendu par exemple sur l’album Studio de Julien Clerc, sur Entre-deux de Patrick Bruel...
Voici Florin Niculescu Plays Stéphane Grappelli, enregistré en quartet avec Christian Escoudé et Marc Fosset en guest stars aux guitares. La première surprise est que ce disque ne soit pas tout entier en robes légères et en effluves de jasmin, en petit vin blanc frais et en soleil de juin. On a même l’impression, sinon d’une gravité, du moins d’une certaine sobriété dans l’expression du sentiment. Et peut-être même que ce sentiment est tout entier sérénité, tranquillité, retenue. Car c’est cela la singularité de Florin : l’absence d’ivresse, comme s’il savait parfaitement ce qui fabrique sa musique et comment elle vient au jour.
On connaît bien des musiciens qui, dans cette esthétique du jazz manouche, s’abandonnent au vertige de jouer comme des mouches excitées. Rien de cela chez lui. Le trait est d’une sûreté, d’une rigueur, d’une précision aussi parfaites que s’il jouait Tea For Two sur partition. Il fait entendre une virtuosité qui n’embarrasse pas de virtuosité, avec un naturel presque distrait. C’est cela qui le distingue de Grappelli lui-même comme des héritiers directs de Grappelli (Didier Lockwood et son tout récent For Stéphane) : il ne s’étonne pas de lui-même. Quand on n’a pas ces ailes-là, on peut trouver inquiétante cette quiétude.

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