vendredi 16 mai 2008

Jacques Brel, le lyrisme et nous

Au hasard d’une interview télévisée de Jacques Brel revue hier, cette phrase sublime : « Le lyrisme, c’est comme si Jérôme Bosch dessinait pour un quotidien. »
On manque curieusement de lyrisme, dans la chanson de ces derniers temps, alors qu’elle nous sert beaucoup de majuscules. Il manque un peu de souffle, parfois, à des albums qui tout entiers convoquent le cosmos, l’humanité et la grande mécanique du monde. Il manque l’ivresse brélienne de faire vibrer la carcasse tout entière avec un seul vers.
Mais, au fond, n’est-ce pas plutôt la charge qu’il faudrait inverser ? N’est-ce pas plutôt, alors que la chanson et quelques autres arts populaires savent encore être lyriques, les quotidiens qui manquent de Jérôme Bosch ? N’est-ce pas plutôt tout le reste du paysage qui manque de l’enchantement lyrique ?
On pourrait se demander s’il existe encore un lyrisme licite, admissible, vivant. Evidemment, il en reste, et même beaucoup, et même sans convoquer les grosses paluches de bien des artistes. Je me demande seulement s’il s’entend bien. S’il est audible dans le vacarme des comptables, des géomètres et des timides.

1 commentaire:

cc a dit…

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