Bonne nouvelle : Magyd Cherfi n'est pas un gentil garçon
Passionnant Magyd Cherfi, qui nourrit des paradoxes à la Bernard Lavilliers : l’épaisseur physique et la légèreté de donzelle, l’œil de boxeur et la lyre de danseur. Passionnant Magyd Cherfi, parfaitement correct politiquement et capable de ruer contre les bienséances les mieux partagées. L’histoire commence avec Zebda, évidemment : « On nous a plus respectés pour ce que nous étions que pour nos chansons », me dit-il mercredi dernier. Il est radieux et soucieux, usufruitier de Tomber la chemise mais comptable d’une histoire de groupe curieusement inachevée. « Je suis poursuivi par le « beaucoup d’estime » : tes chansons… ouais, bon… mais on a beaucoup d’estime pour toi. Des fois j’aimerais être haï mais dans la reconnaissance de la singularité artistique. C’est aussi pour ça que j’ai fait Bénabar ou Delerm. »
Ah, Bénabar ou Delerm ! Même moi, à la première écoute, ça m’a agacé. Qu’est-ce qu’il leur veut, à la fin, à Bruno et Vincent – gros talents, belle popularité, humains impeccables –, qu’est-ce qu’il a contre ces bons géants de l’époque ? Pourquoi chanter « Ecris-moi des trucs qui me concernent/Ecris mais fais pas du/Bénabar ou Delerm/Bénabar ou Delerm/Bénabar ou Delerm » ?
Il explique : « Je te dis tout de suite que ce sont des gens que j’écoute et que j’aime bien. Je n’ai pas de problème sur leur travail. Pour un album de Zebda, j’avais écrit un morceau qui s’appelait Troisième degré, qui dénonçait la vacuité de la chanson engagée, qui demandait ce que sont tous ces mots, tout cet engagement, toutes ces envolées, toutes ces condamnations, toutes ces sentences alors que le monde va de plus en plus mal. Là, la question est sur le traitement de la chanson inoffensive. Pourquoi êtes-vous inoffensif et moi coléreux – sans que ça appelle de réponse. C’est plus un exercice de style. » Il a un petit sourire. « Et puis ce n’est pas gentil et on a toujours un malin plaisir à faire quelque chose de pas gentil. » Ah, si ce n’était pas pour être gentil, tout va bien.
1 commentaire:
Ah non!
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