De la souchonité d’Ours
Eh bien je ne savais pas. J’ai eu l’air un peu bêta quand un confrère m’a dit : « Tu ne savais pas qu’Ours est le fils de Souchon ? » Non, non, je ne savais pas. « Ça s’entend, pourtant. » Premier sous-entendu : « Tu es sourd. » Second sous-entendu : « On n’échappe pas à d’où l’on vient, les chats ne font pas des chiens, l’enseignement technique c’est pour les fils d’ouvriers. » Je ne commenterai pas ces sous-entendus mais seulement l’assertion explicite : Charles Souchon est manifestement le fils de son père, un Souchon ne peut faire que du Souchon (ou, pire : un Souchon ne peut parvenir à faire que du Souchon). Joli sujet de conversation, jolie occasion d’être fielleux.
Parce qu’évidemment il y a des pièces à charge, comme Comment c’est, chanson d’Ours adressée à une ex (figure ô combien classique, néanmoins) qui semble faire écho, mélodiquement et dans le texte, à J’aimais mieux quand c’était toi, parue sur La Vie Théodore. Et, en plus, les textes donnent une preuve par la navigation de loisir : Souchon père évoque le Raz Blanchard, Souchon fils évoque Bréa… Quand, dans Chérie c’est quand, Ours dit « Je vous déclare unis par les liens sacrés du mariage », on croirait entendre dans les premiers mots le timbre de voix de son père. Mais là, je suis désolé, cette chanson aurait pu être écrite par JP Nataf, sur son album solo, non ? Et, franchement, Le Cafard des fanfares, c’est Les Innocents période Post-partum. Et La Maison de mes parents n’a rien de souchonien, bien on contraire : là, Ours a l’air d’être le petit frère de Mathieu Boogaerts. Et si on entend beaucoup de Voulzy dans Pollen, on y repère aussi quelque chose d’Hubert Mounier – le beatlesisme français orthodoxe.
Alors, évidemment, la langueur des humeurs, le jeu d’ombres obliques, les lueurs tamisées, ça n’est pas loin d’une tradition familiale. La souchonité d’Ours résiderait plutôt là, dans la manière d’écrire dans l’intime, de se dévoiler par ses faiblesses, de se laisser voir dans ses fêlures. De ce point de vue, Allô Maman bobo avait été une révolution : personne depuis Polnareff ne s’était autant fait traiter de tapette, avant que la presse féminine ne fasse de Souchon le symbole du « nouvel homme » (celui qui n’imagine pas de donner des claques à sa femme et qui veut bien changer les couches, ce qui – savez-vous ? – était un bouleversement). Sans lui, pas plus de Miossec chantant ses soirs de flanelle ni de Cali s’ouvrant le cœur en public. Et pas d’Ours non plus : comment chanter aujourd’hui sans Souchon, comment se déprendre de sa stature monumentale de réaliste-romantique, comment échapper à l’ombre de son verbe réinventé ?
Ce n’est pas pour cette filiation que j’aime Mi, son album. Sa veine auto-ironique, sa manière inquiète de dire le plaisir, son habileté d’écriture, ses gaietés d’amoureux, tout cela est bien plus qu’un héritage bien géré. Et il n’est pas plus souchonien que la moitié des disques qui sortent aujourd’hui.
3 commentaires:
carnet rose
l'aristocratie du show biz vous fait part de la naissance d'un nouvel 'artiste' dont le style édulcoré devra plaire au bon peuple ...
çà ne sent pas vraiment le vécu ni la révolution ! fadasse.
Arpesin, le bon peuple t'emm**** toi et ta suffisance:)
Il y a aussi Pierre Souchon, ex Cherche Midi qui a sorti un album solo en 2004, où Charles (OURS) & Alain participe chacun pour une chanson ....
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