Bertrand Burgalat, retour vers l’avenir du futur passé
J’y pensais en revoyant L’Homme-orchestre de Serge Korber, dont la musique de François de Roubaix est un beau prodige (les « piti pitipa » des chœurs haut perchés, les effets sur les guitares électriques, les claviers vintage, tout est merveilleux d’entrain et de candeur). Le pendant exact de cette histoire-là, de cette capacité à fabriquer des couleurs si heureuses, c’est peut-être l’album Chéri BB de Bertrand Burgalat.
Extase, en fait, ce disque. Grand tournoiement de sons et de textures qui collent à ces idées d’optimisme et de ferveur des premières années 70, mais dans un traitement un peu mélancolique, un peu diagonal. Il semble que la mémoire soit filtrée, triée, émondée, comme quand on revoit un instant merveilleux, et celui-ci seulement. Burgalat retrouve la joie qu’on entend dans L’Homme-orchestre, et ce qu’elle disait sur un futur que nous avons déjà vécu. La musique de de Roubaix est la musique de l’aube d’un jour depuis longtemps achevé, et Burgalat en ressuscite la fraîcheur.
Il n’y a pas que cela, évidemment, dans ce disque (déjà, entendre Robert Wyatt dans This Summer Night est un cadeau), mais je ne peux m’empêcher d’y voir surtout l’emmêlement des temps et des souvenirs, comme s’il avait interprété le rêve futuriste d’une époque révolue, qui donne des couleurs de passé à un avenir que l’on n’a jamais vécu.
Je ne sais pas ce qu’en diront mes confrères, mais je tiens cet album pour le plus troublant de cette rentrée. Je ne sais pas s’il s’en vendra beaucoup, mais il y a dans ce disque assez de mystères pour s’en saouler longtemps.
1 commentaire:
J'ai un peu décroché de Burgalat depuis The sssound of mmmusic mais ce joli petit texte me donne envie d'y rejeter une oreille histoire de.
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