lundi 3 septembre 2007

Ernest Léardée, une splendeur créole

Il y a un temps de la créolité dans lequel la musique a été plus déchirante, plus poignante, plus blessée. Je l’associais à ces histoires de calypso très ancien (le fameux Mango vert des Trinidadiens à New York en 1912), un peu de ce que nous a laissé Stellio dans les années 30… Voici qu’on en retrouve encore l’écho dans ce que Frémeaux publie d’Ernest Léardée. A l’ouverture du premier des deux CD, un Tout’ moun pleuré qui sonne très inter-caribéen, avec un je ne sais quoi de vigoureusement dansant dans le couplet et de furieusement lacrymogène dans les refrains à deux clarinettes (Sylvio Siobud et Ernest Léardée). Et c’est de 1952.
Survivance ou tradition, je ne sais pas, mais il y a dans ces enregistrements-là quelque chose qui n’est assurément pas de la même eau de ce qui s’entendra dix ans plus tard. On est même plutôt dans les couleurs de vingt ans plus tôt. Evidemment, Léardée se souvient de son heure de gloire avec son compagnon de traversée Alexandre Stellio, alors que le calypso explose partout en Occident. D’où mémoire, d’où convergence…
Et c’est sublime, d’une tristesse enjouée comme on ne sait plus la rendre, je ne sais pas pourquoi. Sur le même album, on aurait pu se passer des danses sud-américaines, mais on est époustouflé par l’exhumation des enregistrements d’André Salvador (le frère aîné, beau talent et carrière douloureuse). Ah, que tout cela est beau…

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