Les belles évidences d’Alexandra Roos
Vu hier soir Alexandra Roos à un de ses showcases de lancement d’album. Je me souvenais vaguement d’elle, il y a peut-être huit ou dix ans, quand l’une ou l’autre major avait essayé paresseusement de lui faire un nom. La revoici, donc, chez Naïve et avec autour d’elle des intentions plus claires, il me semble.
Sur scène, elle a quelque chose d’assez troublant, comme une Chrissie Hynde qui n’en voudrait à personne, comme une petite sœur de Paul Personne qui n’aurait pas envie de s’installer dans une carte postale, comme une Wynonna Judd qui aurait lu le Lagarde et Michard. Assad Debs, de Corida, avec qui je papote au fond de la salle, me souffle Sheryl Crow : il y a de ça, évidemment, dans l’évidence que la robe noire pas trop longue et les escarpins améliorent la musique, dans le naturel de la séduction qu’elle porte sans chercher à la faire taire.
Curieusement, d’ailleurs, ce n’est pas forcément dans les couleurs du disque qu’elle est la plus convaincante sur scène : quand son groupe ouvre bien les guitares et sonne comme le Crazy Horse de Neil Young, elle prend une belle ampleur, elle élargit vraiment son histoire. Pour le reste, elle a quelque chose de très cinématographique avec sa belle guitare et ses slows qui prennent toujours l’amour du côté perte. Ses chansons pleurent diablement bien et elle les détaille avec une fierté toute droite, sans appuyer sur le pathos, sans ployer sous la déploration. J’ai assez hâte qu’elle grandisse, qu’elle chante plus, qu’elle fasse rouler un peu plus de plaisir sur son angoisse de scène. Mais la rencontre est déjà belle.
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