Bernard Lavilliers : épisode 3, René Laporte entre en scène
Résumé des épisodes précédents : Après que fut sorti chez les disquaires son album Samedi soir à Beyrouth, Bernard doit affronter les révélations quant aux ressemblances entre le texte de sa chanson Je te reconnaitrai et le poème Petit matin de Claude Roy. Il incrimine sa « mémoire particulière » qui aurait fait surgir les vers d’un autre sous sa plume.
Hier soir, un confrère débusque un autre lièvre, en même temps qu’un lecteur de ce blog qui nous envoie son commentaire à 20h38. Nous savions que Petit matin avait été mis en musique et enregistré en 1968 par James Ollivier sur son album James Ollivier chante les poètes. Sur le même album se trouve la chanson Difficile de juger, sur un poème de René Laporte, dont le texte est identique – à quelques mots près – à Attendu, une autre chanson du nouvel album de Lavilliers. Là, ce ne serait pas des réminiscences, mais une pure copie : le livret de l’album ne porte aucune autre mention d’auteur que le nom de Bernard Lavilliers, ni mention d’autre éditeur que Big Brother Company, à l’exclusion de tout autre maison d’édition (Laporte a été édité chez Julliard pour la dernière fois en 1954, année de sa mort, après avoir publié chez une myriade de petits éditeurs provinciaux disparus).
Donc, deux textes signés de Bernard Lavilliers et qui doivent tout ou partie à d’autres auteurs, et qui furent tout deux chantés sur le même disque d’un interprète – paix à son âme – assez franchement obscur. On tousse.
Hasard de la promotion, je croise de nouveau Lavilliers au « Fou du Roi » ce matin. Explication ? Toute drue, toute simple : il y a eu une erreur sur les crédits de l’album. La chanson est déclarée à la Sacem et éditée « physiquement » sous les noms de Laporte et Lavilliers. On le voit ci-dessus, la partition d’Attendu que difficile de juger porte bien les deux noms et j’ai eu la confirmation à la Sacem que la chanson est bien déposée sous les deux noms. Donc les ayant-droits de Laporte devraient toucher leurs droits sur la chanson, si on les trouve. Et les tirages suivants de l’album de Lavilliers porteront bien les noms des poètes auteurs ou co-auteurs de ses chansons, une fois épuisés les 40 000 exemplaires cristal et les 20 000 exemplaires luxe.
Il reste donc une coïncidence phénoménale : deux textes présents sur le même disque de 1968 (réédité en CD en 2000) ont, pour l’un, inspiré inconsciemment Lavilliers, pour l’autre, été adapté avec une erreur de crédit sur la pochette. Lavilliers assure qu’il ne connaît pas James Ollivier. Il m’a dit tout à l’heure : « On doit avoir les mêmes goûts ». Ça doit être ça.
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