Cristina Branco, French artist portugaise
Conversation tout à l’heure avec Cristina Branco, à l’occasion de la sortie de son album Abril, magnifique promenade dans la musique de José Afonso. Nous parlons évidemment de son voyage d’un pôle à l’autre de la musique populaire portugaise, d’Amalia Rodrigues à José Afonso, de l’accusation de connivence avec le salazarisme au soutien aux révolutionnaires de gauche. Elle note qu’au Portugal il y a encore une part du public qui trouve ces chansons « trop engagées ».
Professionnellement, elle reconnaît avoir une certaine sérénité du fait de son contrat, ici en France. Car c’est une « French artist », dont les disques sont discutés et décidés à Paris, dont beaucoup de décisions de carrière sont muries hors de son quotidien. Morley, Cesaria Evora, Richie Havens, Feist sont dans ce cas-là. Cecilia Bartoli, ajoute-t-elle. Il y avait déjà, il y a une dizaine d’années, Dogbowl, Calvin Russell, des dizaines d’Africains… Le savoir-faire français dans la world music n’explique pas tout, pas plus que la puissance de feu d’Universal, qui tient la plupart de ces contrats off shore. Peut-être faut-il voir là la résultante (le vestige ?) de la prospérité d’un modèle culturo-économique : un marché local puissant permet une capacité d’investissement impossible à dégager si les filiales des majors se contentent de distribuer des produits internationaux.
Dans l’interminable débat sur le fameux « nouveau modèle », il y a un enseignement dans cette histoire : une mondialisation qui n’éteint pas les identités fortes, des singularités de carrière bien assumées (pour Cristina Branco, le gros poids du marché néerlandais, qui fait que ses disques sortent là-bas en même temps qu’au Portugal, avant le reste de l’Europe), la nécessité de souplesses neuves chez les artistes comme chez les maisons de disques. Mais on a l’impression que tout cela rajoute des libertés.
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