Carla Bley et sa grosse chose légère
On aime bien Carla Bley, en France. Le personnage a quelque chose d’éminemment attirant, comme un composé de Sonia Rykiel, de Claire Bretécher et d’Agnès Jaoui (la cinéaste ombrageuse, pas la chanteuse). Dans les festivals, elle envoie plein de signaux de reconnaissance à la fois : du jazz très actuel que l’on comprend sans peine, une sorte de féminisme du fait, sans l’aridité des suffragettes…
Appearing Nightly, son nouvel album avec son Remarkable Big Band, est d’une belle tenue de jazz franc. Beaucoup de puissance, beaucoup de charme, beaucoup d’exigence, beaucoup de générosité. Il est d’ailleurs étonnant de parvenir à une si singulière alliance de valeurs et de textures qui n’ont parfois rien à voir ensemble : ici, un peu des facéties héritées des big bands de Dizzy Gillespie, pas loin de l’écriture stravinsko-swing du jazz européen subventionné. On est facilement pris par ses jubilations, par l’inscription très physique du plaisir – quelque chose qui tient de la voltige en camion, du comique en side-car, de la sculpture en fer forgé… Une énorme chose légère, un monument gracile, ça ressemble presque à une leçon de morale.
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