Yann-Fañch Kemener goes baroque
Depuis que je l’ai reçu, il y a quelques jours, j’ai du mal à cesser d’écouter un des deux nouveaux disques que sort Yann-Fañch Kemener ce mois-ci (deux albums à la fois, j’aime vraiment cette idée, tous deux déjà téléchargeables et bientôt en CD), Tuchant e erruo an hañv-Bientôt l’été. Avec Aldo Ripoche à la viole, Florence Rouillard au clavecin et Ruth Weber au violon et à l’alto baroque, il a poursuivi sur une piste entrouverte il y a quelques temps déjà en mariant la tradition bretonne et la musique baroque.
Le credo est connu : par le tempérament inégal, par la syntaxe de l’ornementation, par le rapport entre mélodie et accompagnement, il y a plus d’une parenté entre musique baroque telle que pratiquée par la nouvelle orthodoxie du genre (baroqueux et héritiers) et les traditions de l’Europe pré-Bach telles que respectées par des musiciens fidèles à l’idée de vérité des formes. Ce n’est pas vraiment étonnant de trouver Yann-Fañch sur ce terrain. Pour la méthode, d’abord, puisqu’il a toujours été à la recherche de formes neuves, inexplorées, démonstratives d’une réflexion sur la musique bretonne. Pour les couleurs aussi : il y a toujours une sorte de raideur dans ses disques, une sorte de contention qui interdit de croire qu’il jette la musique sur la bande par seul instinct.
Avec cette promenade entre clavecin et voix de lande, entre salon de musique et auberge, il rappelle combien est civilisée sa culture et combien est simple la parole baroque. Tout se rapproche à la fois, formes musicales, langue, mélodie, appareil harmonique, modes du chant… La confluence est flagrante avec Madame Deshoulières de Jean-Louis Murat, évidemment, comme si vouloir ré-enchanter la musique populaire conduisait facilement à des solutions terriblement proches : une sensualité un peu cérémonieuse, une gravité nouvelle de l’érotique, une distance gracieuse, un sourire d’intelligence.
1 commentaire:
Re wir eo, Bez' emañ ar gwir ganeoc'h !
Tout à fait juste, bravo !
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