En Créolie (III) : une certaine biguine, 1937-2007
Discussion avec Daniel Laroche, jeune patron de label et musicologue, comme moi impatient que Debs réédite ses Grammacks et ses Exile One, introuvables mais fondamentaux pour la compréhension et la délectation des années 70. C’est lui qui a suggéré Loulou mi touloulou aw la pour la programmation du concert au centre du film pour lequel je suis venu ici. Une biguine composée par Al Lirvat (tout jeune, alors) et enregistrée par Roger Fanfant à Paris en 1937, lors de l’Exposition Coloniale – l’acte d’indépendance de la biguine guadeloupéenne par rapport à la biguine martiniquaise. Chantée par Tony Lodin et Martine Sylvestre, elle prend samedi des atours pimpants, avec un petit rien démodé, évidemment.
Belle illustration de quelques questions que nous traversons avec Laroche : longtemps, cette culture a juxtaposé la célébration de son âge d’or (avant 1902 en Martinique, de manière plus floue en Guadeloupe) en même temps que son bel aujourd’hui, double fil que l’on perçoit évidement chez une Jocelyne Béroard, mais aussi chez Mario Canonge (la biguine et Ultramarine), chez Patrick Saint-Eloi, tout aussi évidemment que chez Guy Conquette (la gloire de Baimbridge Chaud, finalement très peu traditionnaliste). Double fil encore chez Admiral T, qui danse le gwo ka et garde son accent antillais dans le ragga. Mais il semble presque une exception dans l’époque.
Les soixante-dix ans de chemin de Loulou mi touloulou aw la, c’est une jolie histoire, dès lors. La robe mutine de Martine Sylvestre qu’elle trousse avec son grand sourire, ce n’est pas la modernité exacte, mais cela ne peut-il être ce que la France fait de Quand on s’promène au bord de l’eau ou d’On n’a pas tous les jours vingt ans ? Ce qui s’éteint peu à peu aux Antilles, obsédées de clips MTV et tournant souvent le dos à leur vieille biguine, est-ce la faveur d’une musique trop ancienne et trop souvent prostituée – dit-on – ou cette singulière manière d’empiler les couches culturelles ? Alors que l’Occident tout entier se repaît de la liberté postmoderne, réinvente-t-on la sottise amnésique des modernes en terre créole ?
1 commentaire:
tout a fait dakor avec analyse la reedition des ambassadeurs de la cadence-lypso pionniers du zouk seraient 1 excellente initiative initiatik pour bien comprendre le lond cheminement de la zik antillaise actuelle sans les gordon henderson et les jeff joseph le zouk n'aurez pas eu echo actuel soit 1 alchimie de zik caraibeenne pimenté de son afro ; reedité aussi par la meme okas el senor debs la perfecta mé osi tout les groupes des annees 70 e meme les 45t ds debuts 60 des richesses musicales qui sont la bibliothek d'1 muzik riche de pala-viré humain
Enregistrer un commentaire