mercredi 25 juillet 2007

De la Talvera et de la solitude critique

Pour les vacances, j’ai jeté dans le sac une poignée de disques que j’ai vraiment aimés ces derniers mois et dont je sais qu’ils ne seront pas pollués par les obligations de travail. Parmi eux, Bramadis de la Talvera, qui m’avait rendu diablement euphorique à la première écoute : une Occitanie qui semble prendre par la main pour entrainer dans la danse, un mélange de rudesse trad et de liberté sonore de notre époque (des conversations, des bruits, des effets de mix très audacieux, des chants d’oiseaux, des instruments bricolés…).
C’est peu dire que je leur suis fidèle : j’ai chroniqué leurs disques avec constance, jadis dans Le Monde de la musique : n° 244 de juin 2000 pour l’album Pampaligossa, n° 251 de février 2001 pour Faguem ribota !, Danses d’Occitanie et n° 284 de février 2004 pour Poble mon poble, « Choc » du Monde de la musique ; et un autre « Choc » du Monde de la musique, dans le n° 290 de septembre 2004, pour Bodega, bodegaires !, anthologie de la cornemuse du Haut-Languedoc, réalisé par Daniel Loddo. Et au moins une ou deux fois, il me semble, dans Le Figaro, au temps ancien des chroniques de disques hebdomadaires.
Mais jamais rien de plus, notamment parce qu’ils ne tournent pas : quelques concerts ici ou là entre Marseille et Pau, une discrétion décourageante pour qui veut écrire sur eux « depuis Paris »… Je ne connais donc pas Daniel Loddo, multi-instrumentiste et parolier stimulant (tout au moins sur les traductions), ni Céline Ricard, belle voix de la Talvera. Je me demande parfois s’il n’y a pas quelque inappétence professionnelle chez ces gens-là, quelque réticence à quitter Cordes pour conquérir le vaste monde. Peu importe, après tout.
Ce qui me questionne plus, c’est le sentiment que l’on n’est guère nombreux à soutenir la Talvera. Et même d’être un peu seul, tant je crois n’avoir à peu près jamais rencontré d’article sur eux dans la presse nationale. Il se trouve que j’ai plus le tempérament à me croire seul à m’être trompé qu’à me vanter d’être le seul à avoir raison. Autrement dit, la Talvera compte parmi les quelques artistes qui m’ont fait douter de mes capacités critiques et de la pertinence de mon jugement. Pourtant, j’insiste : Bramadis est vraiment un disque formidable, d’une actualité troublante malgré la cornemuse, l’accordéon et les formes rythmiques archaïques. J’espère ne pas rester trop seul, sur ce coup-là.


PS. – Une précision documentaire : Daniel Loddo a enregistré jadis un 33 tours avec Claude Sicre, futur Fabulous Trobadors. Une recherche sur le folklore, le réveil de l’occitan, les fonctions du chant et de la danse… Le prologue d’aventures à venir sur lesquelles je ne crois pas, tant s’en faut, avoir été seul à m’enflammer. Alors ?

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