mercredi 30 janvier 2008

La bienfaisante formule du festival Au fil des voix

Un premier concert avec Myriam Makeba à l’Olympia, un premier disque avec Luzmilla Carpio, un premier événement avec Yehudi Menuhin et les sept voix de la paix… Les premières fois d’Accords Croisés ont quelque chose d’une affirmation, d’un manifeste, d’une profession de foi. Voici leur premier festival, Au fil des voix, à partir de demain au New Morning.
J’ai rencontré l’autre jour Saïd Assadi, Iranien arrivé à Paris neuf mois après la révolution de 1979 sans parler un mot de français. Son seul contact en France, un journaliste, lui donne trois cassettes de Ferré, Brel et Ferrat. Il apprend le français mais il est aussi – et d’abord – submergé d’émotion.
« C’est la situation du Français devant les musiques du monde : on ne comprend pas les mots, on ne connaît pas la culture, on ne sait rien du contexte mais l’émotion passe. »
C’est un bon résumé de l’intention d’ouverture et de liberté, de découverte et d’ivresse, que l’on sent derrière ses productions discographiques et maintenant derrière son festival. Une envie de fabriquer de l’émotion, de découvrir les possibles liens secrets entre les cultures, de bâtir des réalités sensibles nouvelles. Son disque Qawwali-flamenco, par exemple, ou demain, en ouverture d’Au fil des voix, la rencontre de Marie-Christine Barrault et des Chemirani. (On les voit beaucoup dans son festival, nos Chemirani : dans une demi-douzaine de propositions et notamment le nouveau trio d’Erik Marchand, Titi Robin et Keyvan Chemirani, suite et recommencement d’une légendaire aventure de musiques rêvées, retrouvées, réinventées.)
Quand il explique qu’il ne ressent pas vraiment la crise du disque, il n’y a pas de quoi s’étonner : des enregistrements d’une puissance toujours roborative, des livrets vraiment travaillés, une ambition calquée sur la connaissance de son public (autour de 5000 ventes en moyenne par album, dont 15 à 20% en vente directe à la sortie des concerts). Cette pertinence-là, on la sent aussi dans l’idée de son festival : « nouveau répertoire et nouvelles créations en musique traditionnelle ». Et sa programmation ne suscite pas le malaise que l’on ressent parfois devant les entreprises world qui tiennent à la confrontation, à l’expérience, à la rencontre façon Lautréamont (le parapluie et la machine à coudre sur la table de dissection, la polyphonie pygmée et la guitare blues sur une scène en plein air…). Quelque chose qui ressemble à une fervente promesse, plus intéressée par l’émotion du résultat que par l’audace de la formule chimique.

4 commentaires:

Anonyme a dit…
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Anonyme a dit…
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Lawn Care Azusa a dit…

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