lundi 30 juillet 2007

L’anniversaire Elvis Presley, c’est la prédication de Noël

Je suppose que tous les protestants sont plus ou moins comme moi, vaguement tentés par l’idée de se faire pasteur et effarés, chaque année, par la puissance d’inspiration de ces professionnels qui écrivent une prédication pour le dernier dimanche de l’avent, une autre pour la veillée du 24 décembre, une autre encore pour le culte de Noël – trois prédications chaque année sur le même sujet, ou à peu près. Donc, en fin de carrière, quelque chose comme une centaine de prédications de Noël.
Elvis Presley, c’est pareil. Tous les ans vers le 15 août, Elvis. Sauf que cette année c’est pire. Trente ans qu’il est mort.
J’ai lu le supplément des Inrocks sur Elvis. Très bien. Mais rien que l’on n’ait tous écrit deux ou trois fois. Je suppose que le hors-série de Rock & Folk sera aussi très, très, très bien. Mais derechef.
Donc, comment creuser encore le sujet ? Comment essorer de nouveau l’homme, le mythe, le commerce, les chansons ? Même le second degré, même le paradoxe va sonner creux. Pour ma part, je défends alternativement trois positions personnelles – un peu pointues, assez chic, sur lesquelles je peux même être un peu érudit à l’occasion, sur lesquelles je suis capable d’une mauvaise foi que je trouve assez élégante, même – dans toute conversation sur Elvis : la meilleure époque d’Elvis, c’est Las Vegas à 120 kilos ; le plus beau d’Elvis, c’est son répertoire religieux ; meilleur qu’Elvis, il y a ses sosies et ses imitateurs. Mais même ça, même ça, je l’ai tellement dit, répété, écrit et réécrit que je me demande bien…
Peut-être faut-il revenir aux fondamentaux : Mojo Nixon & Skid Roper dans Elvis is Everywhere en 1987 (putain, déjà vingt ans !) : « Who built the pyramids ? Elvis !/Who built Stonehenge ? Elvis ! (…) Y’know what’s going on down at the Bermuda Triangle ? Elvis needs boats ! Elvis needs boats ! » Peut-être cela la vraie histoire : une des plus parfaites tautologies de la conscience occidentale, Elvis comme preuve de l’elvisité de notre culture, Elvis comme parangon du caractère autophage et nécessairement redondant de la culture populaire. Elvis, sa vie et son œuvre, furent en fait un discours sur Elvis avant et plus qu’être un artiste. Mais personne ne le dira aussi drôlement que Mojo Nixon & Skid Roper. Derrière, j’ai l’impression qu’on va ramer.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

On rame forcément dès qu'on prend sa modeste plume pour tenter (!) de laisser un petit commentaire à Mr Dicale. Il faut lire le hors-série Télérama (même si j'ai pris plus de plaisir pour celui des Inrocks) ne serait-ce que pour les 6 pages (interview+bonnes feuilles de son best-seller) dédiées à l'auteur américain Peter Guralnick. Voilà, mon message est passé ! Je suis plus à l'aise maintenant pour parler du King grâce essentiellement à un voyage de presse (cela existe encore) qui m'a permis de passer quelques jours à Memphis en juin dernier : véritablement la seule façon de ressentir le "poids" de l'icône, surtout à la Mecque; Graceland. Continuez Mr Dicale de nous régaler de votre exquis maniement de notre langue.