mardi 3 juillet 2007

L’industrie du disque : un impossible modèle alternatif ?

Déjeuner avec Rose-Hélène Deplasse, directrice générale du label Warner, que je connais depuis quinze ans. J’aime ses enthousiasmes tout droits, sa manière d’être corporate sans langue de bois. Nous parlons évidemment de son secteur. Je lui répète ce que Gérard Davoust (et Alex Kapranos, de Franz Ferdinand, sous une autre forme) m’avait dit un jour : la crise du disque n’est pas une affaire de conjoncture ou de mauvaise situation du marché, mais un abîme existentiel, comme l’a été l’ouragan dévastant le monde des éditeurs de petits formats quand le disque et la radio sont devenus le principal vecteur de la musique. Le parallélisme est pertinent : deux périodes d’une créativité débordante (les années 50 et le début des années 60, puis les années postmodernes), un massacre effarant dans les professions concernées (quel espace libre dans les bureaux d’EMI, ces derniers temps, après je ne sais combien de plans sociaux…).
Et puis une sorte de vertige, d’impasse conceptuelle. « On espérait que le numérique compenserait un peu », reconnaît Rose-Hélène. Oui mais voilà : une bonne performance pour un album en téléchargement légal, c’est 2000 ventes. « S’il n’y a pas de solution face au peer to peer, on est morts », dit-elle pour résumer. En fait, le nouveau modèle économique existe : prendre pied dans la production de spectacles, contrôler le merchandising, multiplier les canaux légaux pour la diffusion de la musique (oui, il y aura un deal avec un opérateur de téléphonie pour le prochain Johnny Hallyday), mais rien ne viendra remplacer la situation fermée du marché du CD dans les années 80-90. Alors, ce modèle économique que doivent inventer les maisons de disques (et plus seulement les majors) est extravagant : dégager de l’autofinancement alors que la plupart des clients ne payent pas; investir alors que la principale source de chiffre d'affaires s'est presque tarie.
Certes, il y a un combat éthique à mener sur le vol de la musique. Mais il y a aussi cette question effarante : qui financera la musique, désormais ? Curieusement, on en vient à songer à cette liberté inventée au temps des Beatles, de rester indéfiniment dans un studio pour y inventer une musique destinée au disque seulement – une liberté en danger, peut-être, une liberté peut-être d’un autre temps. Il y a mille autres libertés, bien sûr, et même de plus en plus nombreuses. Mais s’est-on demandé ce qui va disparaître avec la liberté de faire des albums ruineux en profitant des marges confortables des maisons de disques ? Il nous manquerait quelques disques de Stevie Wonder, de Michael Jackson, de Michel Polnareff, de Genesis, des Beatles…

3 commentaires:

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