vendredi 20 juillet 2007

Souveraineté de Catherine Ringer

Pour une fois aux Vieilles Charrues de Carhaix, les Timberland auront eu raison face aux Birkenstock. Pluie à 17 heures, ouverture des portes à 17h30, Sanseverino à 18h30 : « Merci d’être venus avec vos K-Way. Moi, je ne serais pas venu. » Plus vieille France, Charles Aznavour, presque deux heures plus tard : « Le temps n’est sûrement pas au beau, vous avez sûrement les pieds mouillés. » Palette réduite dans le public : rouge des milliers de ponchos du Télégramme, rose et vert des ponchos d’Ouest-France, bleu marine des coupe-vents au sigle des Vieilles Charrues (grosse affluence aux stands de merchandising officiel), blanc du plastique recyclable des imperméables Leclerc…
Le mieux de la soirée ? Peut-être Catherine Ringer, rockeuse, comédienne, danseuse contemporaine, une Patti Smith avec du théâtre, une PJ Harvey qui se poserait les questions de Peter Brook, une diva d’opéra qui jouerait l’Acid Queen dans un Tommy monté par Patrice Chéreau. Elle porte une robe et des chaussures de la génération de sa mère, passe par le french cancan, par une sorte de commedia dell’arte rock, par toute une représentation du corps et du visage qui raconte beaucoup plus qu’aux premières tournées des Rita Mitsouko. Ce n’est plus du dynamitage, c’est une construction : un édifice qui tient à la fois du facteur Cheval et de Boulée, du baroque le plus cinglé et de la rigueur expressive la plus drue. Curieusement, quand ils reprennent Under my Thumb, la chanson des Rolling Stones sonne manchot, primaire, mou : le jeu assez monochrome du groupe révèle là combien le matériau avec lequel il travaille pendant tout le reste du concert peut être puissant. Il est vrai que les quelques tubes du concert – C’est comme ça, Les Histoires d’A, Andy – sont tous passés par un tamis rock, se sont défunkisés, se sont rénovés sans leurs ironies et leur second degré habituels. Tout s’accorde pour servir sa voix libérée, ductile comme jamais, définitivement immense. Ah, certes, elle est moins belle qu’à l’époque des premières Cigale ; mais elle est tellement mieux.


PS. – Hier soir aux Charrues, je rencontre Frédéric Zeitoun et j’ai ma réponse quant à la chanson d’Hugues Aufray dont je parlais l’autre jour : c’est bien lui qui a écrit cette belle métonymie « Je ne suis qu’un feu de camp ».

1 commentaire:

cc a dit…

Catherine Ringer, je n'ai jamais "accroché". Je l'ai toujours trouvé vulgaire.
Gainsbourg ou plutôt Gainsbarre, qui n'était pourtant pas bégueule, ne l'avait pas épargnée à la télévision, lui qui aimait pourtant la provocation. Bon, c'est un fait, il avait du picoler avant l'émission.
Il la jugeait vulgaire donc.
Vulgaire, oui. Carrément ordinaire.
J'ai du passer à côté de cette artiste puisque les critiques (dont la vôtre) sont souvent dithyrambiques.
Mais sa voix et son look ne me sont pas agréables.
Je préfère écouter Juliette Gréco, Véronique Sanson ou Sylvie Vartan.
Aucun rapport, me direz- vous.
Non, aucun. Juste le plaisir de les citer. -)

CC