Lionel Florence et Jacques Prévert (une bonne histoire)
Maintenant, il y a prescription. J’ai tenu ma langue pendant sept ans. Je peux donc raconter une des mes aventures préférées dans la chanson française. En 2000, sort l’album Châtelet-Les Halles de Florent Pagny. Je n’ai pas grand-chose à en dire, en fait : plus de poitrail que de cœur, plus de front que de cervelle, mais des variétés solides comme on en écoute sur le Périphérique ou en attendant son sec-beurre au comptoir. Et même plutôt du charme, pour tout dire, ce truc singulier de Pagny qui cogne dans le sternum et donne envie d’acheter un pantalon de treillis.
Donc, il y a sur ce disque une chanson assez forte, Un mot de Prévert. Ça dit :
« Sur tous les fronts
Sur tous les murs
Je ne graverai qu'un seul mot
Sur chaque pierre
Dans chaque fissure
Sur tous les toits
De tous les monts
Moi je me ferais toujours l'écho
De la seule voix
En laquelle je crois
Je saurai partout l'écrire
En braille et en vers
Si j'avais à retenir
Un mot de Prévert ».
Ça vous rappelle quelque chose ? A moi aussi. J’ai appelé l’attachée de presse qui a fait le lien avec le chef de produit, qui lui-même a fait le lien avec Lionel Florence (le parolier) ou Florent Pagny lui-même, je ne me souviens plus. Quelques jours plus tard, réponse : la chanson Un mot de Prévert fait référence au poème Liberté, comme j’en avais le pressentiment. Oui, oui, tout le monde le connaît :
« Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom »
Evidemment, « Je saurai partout l’écrire » ou « Je ne graverai qu’un seul mot », c’est une allusion à cette première strophe qu’on a tous apprise à l’école. On en est bien sûr ?, ai-je demandé. Oui, oui, « J’écris ton nom, liberté », absolument.
Eh bien ce n’est pas un poème de Jacques Prévert. C’est un poème de Paul Eluard. Sacré Lionel Florence.
1 commentaire:
Je découvre votre blog que j'aime bien, même si le côté Bisounours est un peu gênant parfois, mais bon...
Concernant Lionel Florence (j’ai faillit écrire consternant Lionel Florence), pour un adolescent de quinze ans il a une sacré plume... Réussir à faire tant de chansons avec un champ lexical si pauvre c’est un vrai exploit : aimer c’est savoir donner, donner c’est aimer savoir, pouvoir donner l’amour, donner le pouvoir de l’amour... Bref dix mots de vocabulaire, des rimes pauvres, on change le sens, ça nous fait au moins mille chansons... Il est vraiment trop fort...
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