lundi 26 novembre 2007

Au pays de Noël (I) : Elvis, l’hyper-Noël

Ces jours-ci à New York, retrouvailles avec les disques de Noël – une pièce entière, des centaines de références au Virgin Megastore de Times Square. Evidemment, l’envie d’entrer dans tout ce répertoire à la fois si loin et si proche de notre Noël à nous, Français qui n’arrivons pas célébrer la fête sans mille questions, mille pudeurs, mille refus, mille détours. Les deux albums de Noël d’Elvis disent bien des choses de lui et de l’Amérique : 1957, c’est le jarret ferme, le tranchant des versions, l’insolence instinctive sous l’attendrissement ; 1971, c’est les chœurs au large, l’orchestre nombreux, les effets hollywoodiens des arrangements, les devoirs d’entertainer sous le plaisir personnel.
Quand on réécoute son White Christmas, on comprend bien pourquoi Irving Berlin voulait qu’il soit boycotté par les radios : il y a un petit rien de distance entre sa manière de syncoper et celle de Bing Crosby, entre la moue provocatrice qu’il y a sous ses cassures et l’œil de velours des crooners qui laissent désirer la note. Une sorte d’infime ironie, si on veut l’y entendre, alors que pour sa part il pose le peigne à gomina et le bandana avant de s’asseoir à la table familiale. Un scandale semblable à celui de ces putes qui sanglotent devant la statue d’une sainte à côté des grenouilles de bénitier (quelles sont les larmes que désire le Seigneur, d’ailleurs ?).
Evidemment, en 1971, il y a du show, des majuscules, de la fausse neige sur le sapin synthétique et dix milles guirlandes qui clignotent partout. Un hyper-Noël, en quelque sorte, qui s’accorde au commerce de masse des season greetings et des cadeaux à la tonne.
En 1957, il reste un peu de l’Amérique fauchée dans le disque de Noël d’Elvis. En 1971, la crise est loin.

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