jeudi 29 novembre 2007

Au pays de Noël (IV) : enfin, Spike Jones respecte quelque chose

Spike Jones a beaucoup haché de musique. Des sifflets, des gloussements, un kazoo, des coups de feu, des hennissements, des voix de fausset, tout un répertoire de nez rouges mis à la musique d’orchestre de l’époque avec autant de goût pour l’absurde que pour la bouffonnerie. On a peut-être oublié son côté dadaïste pour ne plus retenir qu’un lien avec Tex Avery, dont les bêtisiers télévisuels usent et abusent aujourd’hui.
Ce qui fait qu’on ne le prend guère au sérieux, qu’on le regarde un peu de haut, le pourvoyeur en musiques rigolotes de « Télé Foot ». Pourtant, son album de Noël, Let’s Sing a Song of Christmas, en 1956, est un joli modèle de piété musicale. Car, de manière assez inattendue, il alterne les instants comiques qui dynamitent les standards de Noël, et les instants de beauté simple, dans lesquels il laisse le chœur chanter les traditionnels selon la tradition. On a l’impression que lui-même, en 1956, fait le tri : d’une part, les rengaines rebattues qui l’agacent suffisamment pour qu’il leur fasse un sort avec ses City Slickers et, d’autre part, les chansons de la joie, de l’émerveillement et du partage qu’il faut laisser intactes. Cette pudeur, ce respect, cette sincérité finissent par être réellement touchantes.

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