lundi 21 janvier 2008

Pourquoi EMI maltraite ses stars

On ne sait jamais trop quoi dire devant les difficultés d’une maison de disques, pas plus que de n’importe quelle entreprise que l’on connaît d’un peu près. On sait combien les erreurs de management, les impasses stratégiques, les maladresses tactiques finissent par bouleverser la vie d’Untel ou d’Untel que l’on apprécie personnellement et qui est seulement une victime d’un échec qui n’est pas le sien. Alors, on n’a pas envie de dire « bien fait ! » ou « ils l’ont bien cherché » quand on voit qu’EMI va se lancer dans un énième plan social, qui va voir sortir des métiers de la musique encore quelques dizaines de salariés qui y consacré leurs efforts et leur passion pendant des années. On n’a pas envie. Quoique.
Les mauvaises nouvelles continuent, donc : maintenant, les Rolling Stones prennent un billet de sortie et annoncent leur prochain disque chez Universal. L’année dernière, Paul McCartney avait pris la tangente pour sortir Memory Almost Full dans les cafés Starbucks et chez Universal. Robbie Williams et Coldplay ont annoncé qu’ils pourraient faire la grève du nouvel album tant qu’EMI ne sera pas revenu à de meilleures intentions quant aux dépenses promo.
Car la nouvelle direction d’EMI a une vision assez crue du nouveau modèle à mettre en place dans l’industrie, avec beaucoup moins de dépenses de marketing et une vision de l’artistique qui tranche nettement avec les pratiques jusqu’ici en usage. Dépassons même la question des équipes saignées à blanc après avoir été décimées dans les batailles précédentes (on pense aux rescapés de la campagne de Russie hachés à la bataille de la Bérézina). Il y a quelque chose de singulier à tant rudoyer les têtes d’affiche du catalogue, comme avec les réflexions sur le « moins d’1 % » que représente Robbie Williams.
Passons sur les hypothèses paranoïaques qui circulent çà ou là sur le plan de Guy Hands et du fonds Terra Firma pour démembrer EMI en bradant la production pour conserver les catalogues de phonogrammes et de droits éditoriaux. Mais si l’on peut lire quelque chose dans ces bisbilles à répétition avec les stars de la major (et je ne parle pas de Radiohead, sujet évoqué
tant et plus !), c’est sans doute la fin des tapis rouges, des budgets vaniteux et des egos caressés dans le sens du poil. La promo au pain sec et à l’eau, plutôt qu’au caviar et au champagne, tout le monde dans le tour bus et dodo à l’hôtel Ibis plutôt que le jet privé et la villa avec piscine. Autrement dit, le massacre des grosses stars qui ne rapporteront plus jamais ce qu’elles rapportèrent. Déjà qu’il apparaît que les jeunes stars mondiales de la pop sont appelées à vieillir sans concurrence à leur niveau, on peut imaginer une économie beaucoup plus étroite à tous points de vue, dans les budgets comme dans les ambitions. Pourquoi d’ailleurs essayer de vendre un disque à vingt millions d’exemplaires quand on sait que, dans le domaine des bigger hits, on arrive parfois à dix copies illégales pour une vente légale ? Et si l’avenir était au morcellement du marché, aux artistes pointus récupérés par les majors une fois que le disque est enregistré et qu’ils ont capitalisé une grosse fanbase par myspace ? Un troupeau d’artistes dégageant chacun une belle marge relative dans la plus impeccable probité artistique, chacun isolé dans sa négociation de gré à gré avec la maison de disques, plutôt qu’une énorme star aux gains forcément aléatoires qui prendrait à témoin le monde entier de ses moindres démêlés avec la monstrueuse maison de disques ?
On verra vite quels artistes vont être licenciés par EMI et lesquels vont être signés. Si on va vers plus de Camille et moins de Robbie Williams, on peut imaginer que le nouveau modèle ressemble vraiment à la glorification du
spé-popu.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

www.desoreillesdansbabylone.com

saab a dit…

Je ne suis pas vraiment d'accord avec ton point de vue : j'ai des goûts musicaux assez éclectiques : de Sarah Brightman (diva pop un peu soupe) à Terry Callier (folk soul pointue mais ne vend pas) pour simplifier et je pense qu'il faut de la musique pour tout le monde, les gens ont le droit d'aimer Rihanna ou Robbie Williams et de ne pas apprécier Camille (que beaucoup de critiques sérieuses disent surcôtée).

Les goûts musicaux c'est comme les couleurs, chacun ses goûts qui le droit souverain de dire ce qui est bon ou pas à sa simple échelle. Par exemple, tu cites Robbie Williams, je n'apprécie pas sa musique et il ne me viendrait pas à l'idée d'acheter un de ses cd's cependant il a vendu pas mal et seul son dernier opus a été un échec cuisant à cause du manque de promotion d'EMI et des critiques assez injustifiées à son encontre (bon, son cd n'a rien de révolutionnaire j'ai jeté un coup d'oreille mais il n'est pas du tout mauvais dans le sens commercial du terme).

Depuis quelques mois j'entends parler des top 10 de l'année 2007 et c'est toujours les mêmes groupes de pop-rock de blancs moyens que je retrouve : Justice (un groupe de dance un peu à l'image des Daft Punk que je trouve insipide), PJ Harvey (il faut encore supporter sa voix pour pouvoir l'apprécier), Radiohead (les larmoieries de Tom Yorke non merci, d'ailleurs j'ai revendu tous les cd's que j'avais acquis d'eux, je n'arrive plus à les supporter), LCD Soundsystem (jai écouté c'est limite insupportable, il faut vraiment aimer ce type musical pour apprécier une fois de plus !!!), Beirut (pas encore trop mal mais déjà entendu avec les musiques de Goran Bregovic) et plein de trucs folk comme Dolorean, Wilco (j'ai écouté et j'ai trouvé cela d'une molesse et d'une complaisance....)

Et personne ne se révolte contre ces classements tout fait, et quoi les personnes noires ne savent pas faire de musique ????? Je ne suis pas noire mais je trouve qu'il y a un vrai racisme sous-jacent, ou sont donc passer Jill Scott, Kanye West, rahsaan Patterson, Me'shell Ndegeocello, Ben Harper et Raul Midon entre-autres ? Rien à l'horizon pourtant leurs albums respectifs sont excellents voire souvent meilleurs que ceux des fameux top10.