Sophie Térol, glace et feu
Que sait-on faire des fantaisistes en France ? Peut-on admettre qu’une chanteuse soit avec autant de pertinence drôle et dramatique, bouffonne et romantique ? Je ne cache pas, depuis quelques années, mon enthousiasme pour Sophie Térol, dont je n’ai pas l’impression qu’elle conquiert facilement une place au soleil – plutôt une aura discrète, cantonnée aux parages de la chanson-française-de-qualité-bonsoir.
Puisqu’elle est pour un mois à Kiron en début de soirée, juste avant Karim Kacel, je suis retourné la voir. Quelques nouvelles chansons et toujours l’ampleur de son incroyable grand écart : l’extrême gauloiserie du refrain « Il est aux waters Paulo, il a une fidèle gastro » et ses bouleversantes chansons d’amour (« Mais qu’est-ce donc que l’amour quand on est seul chez soi ? »). Son personnage est toujours aussi unique, entre une sorte de fureur comique qui assume toutes les dingueries (gros numéro sur J’ai un zizi) et la fêlure amoureuse mi-hystérique, mi-fantasmée. C’est une Barbara qui ne croirait plus au bonheur en même temps qu’une Annie Cordy qui ne voudrait pas de Broadway – une peine et un rire à la fois dans une audace d’himalayiste.
Donc, comment un personnage tel que celui-ci peut-il se rendre soluble dans les médias à large spectre, avec sa nuit si sombre et son soleil si radieux ? Il lui faut forcément le temps d’être glace et feu, sans espoir de jamais parvenir à la tiédeur, et tout cela est plus que difficile par les temps qui courent.
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