Daniel Lavoie, ou quelque chose de franciscain
Daniel Lavoie sur scène, hier soir, après le concert de Tokio Hotel à Bercy. Contraste bienvenu entre l’énormité d’un jeu de signes tout en surface et la petite forme nue obsédée du sens.
Il y a chez lui le minimum de l’excentricité, de la rupture avec nos usages humains ordinaires, de la conduite fantasque : seul en scène, il joue du piano en chaussettes ; il a écrit et bien écrit ses textes entre les chansons… Pour le reste, il a été béni. Des mots de force et de cœur, une poésie tout entière de fraternité, la liberté de jeter des images toujours neuves sur les meilleurs sentiments possibles. Il est au point exact entre le romantisme de Julien Clerc et le sens du verbe de Léo Ferré, tout autant enflammé que cérébral, tout autant musicien que moraliste. Si la chanson peut se parer de noblesse, c’est avec un homme tel que lui, dont j’ai dit déjà beaucoup de qualités et qui sait élever toujours ce qu’il chante à un souffle de prophète doux.
Evidemment, dans le contexte de son concert, Ils s’aiment trouve une cohérence assez magique. On a à peine l’impression d’un tube (juste les applaudissements au début) : avant, après, c’est la même obsession de l’humain dans l’homme, du respect de l’univers, de la compréhension d’un ordre à nous supérieur. Ecolo ? Mieux que ça, je crois. Il y a dans ses chansons qui évoquent notre petitesse quelque chose de franciscain pour la bénignité, de calvinien pour la radicalité. Une douceur pressante, une bonté de prédicateur.
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