vendredi 2 novembre 2007

Pierre Perret et ce qu’il restera de la chanson paillarde

Pierre Perret sort dans quelques jours un disque de chansons paillardes, Le Plaisir des dieux. Il y a des classiques, des raretés, des originales, tout un conservatoire de génitoires gourmandes et de vits exagérés. Il me vient l’idée que ce pourrait bien être un des derniers disques du genre, tant l’utilité de ce répertoire me semble près de s’éventer. Plus grand monde ne compte sur ces chansons pour apprendre le vocabulaire spécialisé, pour susciter les images mentales nécessaires à la masturbation, ni même pour égayer ses soirées. L’explicite est déjà un peu partout et les charmes de la paillarde doivent peut-être se chercher sinon dans le second degré, du moins dans la délectation documentaire – un temps de frustre fantasmagorie, de métaphores spectaculaires, de tournures virtuoses…
Evidemment, on est tout réjoui par Le Petit-fils d’Œdipe, texte de Georges Brassens jusqu’alors à peu près inédit (mais il en circule une version chez les brassensistes les plus acharnés une version avec musique de Jacques Munoz) ou de retrouver son propre répertoire de collégien (je me souvenais bien de Trois orfèvres). Mais cela durera combien encore ? C’est macho, parfois un peu homophobe, volontiers pédophile. Rien qui ne résistera encore une ou deux générations à la correction politique. D’ailleurs, il n’est qu’à voir l’attrait constant symétrique de ce même répertoire dans ses rares incarnations strictement féminines (voire très vaguement féministes), comme avec Les Nuits d’une demoiselle de Guy Breton, Colette Renard et Raymond Legrand, que j’ai encore noté cet été dans le spectacle de Marie Dauphin et que Victoria Abril reprend dans son disque de chansons françaises qui sort dans quelques semaines. La connaissance de ce répertoire qui unissait jadis Brassens et Perret pourrait bien muer, elle aussi, en une reconstruction culturelle normative (on nettoie les chansons de l’inécoutable) et une muséification vaguement conviviale. Une certaine quantité de chants de marins ont été préservés, pour un usage très contemporain. Y a-t-il un romantisme qui puisse sauver la chanson paillarde ?

2 commentaires:

Pierre a dit…

Excellente nouvelle, Bertrand, que cette sortie d'un album de paillardes par Pierre Perret.
Brassens, lui aussi, avait eu cette idée, mais la camarde ...

Aredius44 a dit…

Merci pour votre message. Je vous cite et vous invite à lire une préface du Chansonnier de l'escolier pictave sur http://lefenetrou.blogspot.com/search/label/paillardes