jeudi 7 février 2008

The Do : quelques réponses encore…

Prolifique musicien pour le cinéma, la danse ou l’art contemporain, Dan Lévy a changé de vie et d’ambition musicale en rencontrant Olivia B. Merhilati. Il en est résulté The Do, duo dont l’album, paru le 14 janvier, a été précédé d’un buzz forcené. Alors que vient de commencer la tournée, longue conversation avant-hier, pour le papier de ce matin dans Le Figaro, au-delà duquel voici encore quelques réponses.

Reste-t-il dans l’album de The Do quelque chose de toutes les compositions que vous avez faites sur commande ?
Dan.
– La chanson The Bridge Is Broken est une commande pour la danse contemporaine du chorégraphe finlandais Juha-Pekka Marsalo, une pièce produite par Carolyn Carlson, sorti sur un petit disque vendu à la fin des représentations du spectacle Scène d’amour, qui a tourné dans toute l’Europe. Il y avait trente minutes de musique contemporaine et une chanson qui commençait la pièce. C’est le début de The Do, parce que quelqu’un a voulu que l’on prenne encore plus de risques, nous a dit qu’on était un petit peu trop politiquement corrects dans nos compositions. C’était la déformation des commandes pour les films : il fallait toujours une jolie voix avec une jolie mélodie sur une petite guitare. Marsalo est un chorégraphe assez violent qui travaille sur le physique, qui a une façon très dure de s’exprimer. Il est venu au studio et le rendez-vous s’est très mal passé, je l’ai presque foutu à la porte. Au moment de se séparer, je lui ai dit : « Les gens viennent nous voir pour ce qu’on sait faire. Toi, tu viens nous voir et tu ne trouves rien dans ce qu’on te propose : ça nous intéresse, il va sans doute naître quelque chose de ce projet-là. » En trois jours on a fait les maquettes de la musique instrumentale et une chanson, The Bridge is Broken, qui est le point de départ de l’album.
Le fait d’être un couple avant d’être un duo change-t-il quelque chose à la musique ?
Olivia.
– C’est comme si on était nés il y a trois ans.
Dan. – Au début, on voulait cacher le fait que nous étions un couple. Comme Olivia l’a dit dans une interview – et que je trouve très beau –, on n’aurait pas pu donner tout ce qu’on a donné si on n’était pas amoureux l’un de l’autre. Tout est fluide…
Et cela explique votre autarcie, le fait que vous jouiez de tous les instruments sur votre album ?
Dan.
– A part les cordes, des nappes et deux morceaux sur lesquels joue notre batteur Jérémie Pontier, nous sommes obligés de le faire nous-mêmes. Je ne pouvais pas expliquer pendant trois heures une batterie, alors je la faisais et Olivia enregistrait. Je savais ce que je voulais pour la basse, la guitare, les vents… En deux ans, on a fait énormément de progrès en instruments parce que cet album a été fait de manière laborieuse. Il y a des fois où l’on pensait que l’on ne finirait jamais d’enregistrer les cinq instruments d’une chanson : on avait des mauvais instruments, pas de matos, on ne savait pas vraiment jouer… Il fallait tenir.
Tenir dans votre bulle…
Dan.
– Si on devait prendre à la lettre tout ce que les gens nous disent… « Vous êtes un groupe français et vous chantez en anglais : ça ne passera pas à la radio, ça ne marchera pas… »
Olivia. – On est parasité par plein de commentaires et de conseils. Il faut seulement prouver le contraire tout le temps. Tracer…
La publicité pour les cahiers Oxford utilisant On My Shoulders a contribué à vous faire connaître avant la sortie de votre disque. Avez-vous accepté facilement ? Il y a une époque où les groupes français se méfiaient de la pub…
Olivia.
– C’est normal qu’il y ait un débat là-dessus parce qu’aujourd’hui la musique passe peut-être trop par la pub. Dans notre cas, tout s’est déroulé très simplement et très sainement. Nous sommes édités chez Universal et la chanson était au catalogue du bureau de la synchro. Quand ils sont venus vers nous, la chanson existait depuis déjà quelques mois.
Dan. – Ce n’était pas une pub pour la moutarde. C’était un mini-court métrage qui laissait de la place à la musique. C’était des cahiers, et nous nous servons tous les jours de cahiers, nous aimons écrire. Le slogan était « le talent, c’est d’avoir envie ». Ça nous allait. Mais on a vraiment hésité parce qu’on savait qu’on pourrait nous poser une étiquette. D’ailleurs, on nous a proposé d’autres pubs depuis, pour lesquelles ça a été un non catégorique.
La sortie de votre album a été précédée d’un gros buzz. Pas trop stressant ?
Olivia.
– Ce qui a été un petit peu stressant, ce sont les premiers concerts il y a un an. C’était nouveau, surtout pour Dan, et il fallait que ce soit très bien très vite.
Dan. – C’est ça le défaut du buzz : on n’a pas eu le temps de prendre nos marques depuis notre premier concert, le 20 février 2007. Mais on n’aurait peut-être pas fini ce disque avec autant d’enthousiasme s’il n’y avait pas eu un buzz qui nous porte.
Olivia. – On aurait sans doute travaillé de la même manière s’il n’y avait pas eu cette impatience. Mais c’était quand même motivant d’avoir tant de gens sur Myspace qui nous demandaient quand l’album allait sortir.

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