vendredi 8 février 2008

Un roman impeccablement fontainien de Brigitte Fontaine

La machine créatrice de Brigitte Fontaine fonctionne depuis plusieurs années avec puissance et constance. A peine plus d’un an après l’album Libido et le roman Attends-moi sous l’Obélisque, voici Travellings (chez Flammarion) Un roman écrit au fil de la plume, à la fois virtuose et erratique.
Sa Judith lui ressemble, ou du moins ressemble à ses chansons : elle agit abruptement, de volte-face en décret imprévisible. Le cœur, le corps, les nerfs de Judith sont un lieu incompréhensible, impossible à cartographier, impossible à prédire. Elle s’est choisi une écriture rapide, vive, d’humeur parfois abrasive, parfois taquine comme une enfant. « … juillet bat son plein, des moissonneurs travaillent la tête courbée et quelques exaltés prennent la Bastille, c’est-à-dire qu’à la fraîche ils se mettent minables dans les bars alentours. » ou « On ne passe pas par Paris, ça brûle, on va dériver sans doute par Orléans et son eau fourbue, Poitiers la belle, Bordeaux l’andouille… »
A tout petits chapitres, elle suit sa Judith comme dans un feuilleton de psycho brouillonne et sans souci vériste, comme dans un Fantômas sensuel. C’est un peu
comme du David McNeil, mais avec des nerfs à la place de chacun des sens, des impulsions au lieu de la mémoire.

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