Les Puppini Sisters, avant le temps de la spontanéité
Conversation hier avec les Puppini Sisters, qui venaient à Paris pour un peu de promo avant la sortie de leur album, Betcha Bottom Dollar, début mars chez Verve-Universal. Elles redonnent vie au jazz harmonisé des Andrews Sisters, elles recréent cette manière si singulière d’équilibrer et de faire sautiller la voix. Avec elles, jolie réflexion historique sur les raisons de la disparition du paysage de ce genre d’harmonies vocales. Marcella pense que l’irruption des auteurs-compositeurs-interprètes, que l’envie et le besoin d’exprimer soi-même son discours personnel a mis fin à cette manière de chanter très réglée. « Un travail d’équipe », dit Kate. Stephanie parle de « commitment and discipline ». On est très loin de l’idéologie rock, de tous les spontanéismes connus après les années 40 (le caractère concomitant de l’apparition du bebop et de l’apogée des Andrew Sisters). On en rit : non, il n’y a pas d’impro, d’impromptu, de reprise spontanée bricolée en trois minutes. Non, il faut construire, préparer, écrire.
Le concert est assez habile (Ça plane pour moi de Plastic Bertrand interpolé dans Boogie Woogie Bugle Boy), charmant, parfois encore un tout petit peu maladroit (ce ne sont sans doute pas des instrumentistes !), bien au-delà des seules qualités de la recréation virtuose. Beau réglage de Wuthering Heights de Kate Bush, qui achève de démontrer la valeur de cette technique.
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