Melingo, le bel aujourd’hui du tango
Melingo est une des meilleures choses qui soient arrivées au tango post-piazzollien. Nouvel album, Maldito Tango, qui parait chez Mañana (un CD-objet extraordinaire, comme toujours sur ce label distribué par Naïve). Pour moi qui ne parviens pas à m’arracher à la nostalgie de Charlo (injustement méconnu de ce côté-ci du monde, malgré qu’il ait tant illuminé les années 30), quand ce n’est pas au culte perpétuel de Carlos Gardel, c’est peut-être une des rares manières de me faire croire en un futur ouvert pour le tango (je veux dire un futur qui ne soit ni la perpétuation méticuleuse des valeurs d’avant-guerre, ni le radotage d’une modernité mal mimée).
Il y a chez lui quelque chose de ces acteurs dont le visage est la meilleure autobiographie, à la fois séduisant et inquiétant. C’est un chant mal rasé, âpre, fervent, avec de fugitifs effluves flamenco, mariachi ou chanson. Un miracle urbain et rêveur, saturé de références (on chavire avec son Paris arpenté sur les traces de Gardel dans Montmartre hoy, plus de soixante ans après Noches de Montmartre ou Madame Ivonne pendant les Années folles) et d’une puissance romanesque incroyable.
Evidemment, on cherche la ligne de partage entre le neuf et la tradition, entre l’habitude et les amarres larguées – peine perdue. Il y a chez Melingo le même type de bornage que chez Jacques Brel ou chez Olivier Messiaen : une généreuse narration, une liberté baroque, un mélange de cohérence et d’imprévu. Postmoderne ? Un peu mieux, sans doute.
L’album finit sur des chants d’oiseaux.
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