Bertrand Soulier, nouveau styliste
Jolie découverte l’autre soir au Kiron (il y chante jusqu’à samedi), avec Bertrand Soulier. On pouvait en attendre pas mal, avec la sortie ces jours-ci de Discorama, album dense et efficacement varié. Présence encore un peu tendue, mais déjà des partis pris de caractère – çà et là des postures têtues à l’Aznavour, des fragilités d’oiseau engourdi à la Neil Hannon.
On note évidemment le sens de l’ellipse de Vincent Delerm, les insolences de Jeanne Cherhal pour la part la plus contemporaine de son travail, mais aussi l’appartenance à cette sensibilité particulière de la chanson populaire dans laquelle l’expression du sentiment se pousse avec vigueur. C’est ça qui lui fait parfois un débit à la Patrick Bruel, qui jette les mots forts sur de gros accords de piano. Et c’est cela qui renforce cette idée que – chez lui comme chez Brel, par exemple – la chanson n’existe que parce qu’on ne guérit pas de son enfance.La dimension autobiographique de ses chansons pourra peut-être agacer, un jour. Mais il décrit si bien la petite vie d’enfance, la radio du soir ou les fatalités de la solitude…
Comme souvent avec sa génération, on peut tirer sur des fils inattendus, sur des réminiscences imprévues. Dans Robot et con à la fois, il retrouve un lyrisme suspendu entre premier et second degré, comme chez Alain Kan, malgré les calembours (« Je sens que tu t’écartes ma puce »). Et, un peu partout, comme une note filée, une parenté de virtuosité d’expression, d’habileté dans le dévoilement, de limpidité dans la sincérité avec Romain Didier, autre grand styliste de la mélancolie légère.
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