Une année politique, des chansons politiques
On parle et on va parler partout du retour du politique dans la chanson française, cette saison. Le calendrier n’a pas aidé : les albums de début 2008 ont été enregistrés au second semestre 2007, donc grosso modo écrits pendant le premier semestre 2007. A ce moment-là, on n’a guère parlé que de sujets politiques, qui ont obsédé toute la France (85% de participation à la présidentielle). Quoi d’étonnant à ce que remontent à la surface des thèmes de campagne ?
La chanson Aller sans retour sur le dernier album de Juliette, African Tour sur le prochain Cabrel, Mon Haïti sur le Raphaël : on n’oublie pas que ce monde est dessiné par les routes des migrants, par les désespoirs des pauvres, par leur rêve d’une prospérité barricadée qui se refuse de plus en plus. L’autre jour, Cabrel m’assurait qu’il n’y avait rien dans sa chanson contre les récentes lois françaises sur l’immigration. Mais on a fini par en parler, évidemment : il y a une colère sous les compassions de ces chansons-là.
Raphaël, lorsque je l’ai rencontré, la semaine dernière, m’a bien semblé se débattre contre l’idée que son disque puisse être politique : l’apolitisme est un credo solide, mais pas spécifiquement de droite, contrairement aux certitudes de la critique seventies. Mais le pli de saison est pris. On devine partout la politique, on l’espère, on la sollicite. Comment décrypter les nouvelles chansons de Bashung, comment écouter même une ou deux chansons de l’album d’Isabelle Boulay ?
Après des années de silence des chansons, le balancier est dans l’autre sens. Une sorte de climat Cali, vigoureusement « résistant » et éditorialiste ? Mais Raphaël n’avait pas tort, l’autre jour, en me rappelant que Schengen, sur l’album Caravane, était tout aussi politique, sinon plus, que ses chansons nouvelles.
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