JJ Cale n’était pas un feignant
Je me souviens d’une conversation avec Bruce Springsteen, fin 1998, à la sortie du coffret Tracks. Je lui demandais comment il pouvait arriver que des chansons comme Brothers Under the Bridge soient écartées du tracklisting final d’un album et doivent attendre une publication groupée d’inédits. « C'est moi. Je ne peux rejeter la faute sur mes producteurs. Brothers Under the Bridge convenait bien à l'album The Ghost of Tom Joad mais, sur un album aussi sombre, elle était peut-être au delà du seuil de tolérance. » Je me souviens, à l’époque, avoir repris l’album en question et cherché : Brothers Under the Bridge pouvait tenir facilement un peu n’importe où ; et quant à la noirceur, on n’était pas de toute manière dans un chatoiement de fleurs tropicales…
Même mystère avec Rewind, qui parait fin mars avec quatorze inédits de JJ Cale, des années 70-80 pour l’essentiel. Cela ressemble à un best of, atteint un niveau de best of, va peut-être servir de best of. Il y a tout : la country limite orthodoxe, le rock de feignant, les chansons à rythme lourd, la musique de cabaret américain… Des reprises de Waylon Jennings, de Randy Newman, d’Eric Clapton, de Leon Russell (un casting en forme de manifeste, presque) et dix chansons de lui, comme un éventail de ses manières, de ses genres, de ses inclinations. Et ça finit par tourner à la démonstration presque absurde de choix de production curieux : rien ne sonne ici comme sous le niveau moyen de JJ Cale, et l’on connait un certain nombre de ses chansons très en-deçà de Rewind.
Quand je pense que JJ Cale a si souvent raconté qu’il était trop feignant pour faire des CD plus longs que des 33 tours…
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