« Al Son del Diableton », une rencontre immédiate avec notre passé
La proximité éteint parfois notre capacité d’émerveillement. A force de penser nos compagnes comme étant un foyer d’arriération, nous en avons oublié qu’elles sont aussi riches de culture que des villages de savane africaine ou de rizières indonésiennes, avec des sociabilités, des rites de passage, des échanges esthétiques avec l’extérieur et tout un poids de musiques traditionnelles.
A Cordes, la Talvera, qui est aussi un groupe de musique néo-traditionnelle à la fécondité insolente, possède de très belles archives de collectage de musiques rurales du Haut Languedoc. Voici l’album Al Son del Diableton, anthologie de l’accordéon traditionnel occitan, vol. 1, qui regroupe des enregistrements de cinq accordéonistes de quatre communes du Tarn (Anglès) et de l’Hérault (Riols, La Salvetat-sur-Agout, Saint-Etienne-d’Albagnan) qui se connaissaient tous et formaient d’une certaine manière une communauté artistique cohérente, tant dans les répertoires que dans les pratiques. A l’accordéon diatonique, ils jouent de très anciens airs à danser (la bufatièira, lo virolet, lo butavam) comme des danses dont la mode déferla avant la guerre de 14 (mazurka, polka, valse, scottishe). La sensation est curieuse, entre l’extrême familiarité et l’étrangeté radicale, entre la découverte de sophistications inattendues et la lisibilité instinctive de l’essentiel de cette musique.
Entre ethnomusicologie et nostalgie de nos racines rurales à tous, un voyage dans le temps qui nous ramène à une sorte de naturel de l’identité musicale française, dont la trace s’entend évidemment dans le musette de papa, mais aussi chez les Têtes Raides ou chez Manu Chao.
1 commentaire:
arriérée, ma compagne ?
attends qu'elle te croise, eh, campagnard !
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