Pierre Henry, comme à travers le corps
Après le coffret 8.0 pour lequel je l’avais rencontré à l’automne dernier, Pierre Henry vient de sortir Compilation amoureuse dédiée à Maurice Béjart. Le titre est bien composé : il y a plus de jubilation que de déploration dans cette vingtaine d’extraits de musiques pour la danse, plus d’élan que de mélancolie, même lorsque les jerks de Messe pour le temps présent déploient leur instrumentation franchement datée et leurs motifs tellement associés à l’enfance de ma génération.
Sur ces quarante ans environ de compositions, il y a partout la même pensée, qui porte le son au rythme, la matière inarticulée à l’écriture des corps. Un autoportrait, évidemment, mais l’autoportrait de la part sensuelle de Pierre Henry. A ses moments-là, sa musique concrète s’écarte (et pas seulement par l’usage que l’on sait être fait de ces pièces) de toute sécheresse, de tout lien avec une réflexion stylo en main. Elle devient plus électrique ou plus charnelle, plus dense ou plus aérée, plus solaire ou plus nocturne, mais toujours plus incarnée, plus agitée. Toutes ses questions, toutes ses angoisses, toutes ses jubilations, mais comme à travers le corps, comme en dictant le geste. Une musique de danse dans laquelle il semble déjà que l’on voit le mouvement, peut-être précisément parce qu’elle est par essence concrète.
1 commentaire:
très belle et honorable idée qu'est la volonté de tenir un blog d'une telle qualité... ça me donne envie d'aller découvrir pierre henry de ce pas !
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