Les habits neufs d’Yves Duteil
Hier soir à l’Européen, concert d’Yves Duteil qui chantait tout en entier son nouveau disque, (Fr)Agile (chez Rue Stendhal). Revenir après sept ans sans album, ça se fête, je crois. La dernière fois, j’avais trouvé un certain manque de grâce dans l’emballage – le bon gros papier bleu des fêtes de Noël, avec le ruban doré au kilomètre –, quelque chose comme un bougonnement en bourdon à peine perceptible, une manière de sourire trop ouvertement douloureuse.
Et voici qu’hier on a l’air de l’avoir changé. Ou du moins de lui avoir donné le tailleur qui convient ici et maintenant. Fabrice Ravel-Chapuis, que j’ai beaucoup aimé à l’époque d’Artango et qui a contribué aux bonheurs récents de Jean Guidoni, de Bénabar ou d’Adamo, est intervenu aux arrangements. Clarinette ouvragée sans esbroufe mais avec des fulgurances très écrites, violoncelle joliment posté en embuscade derrière sa ligne de basse… Là où Duteil aurait pu laisser trainer une bossa nova sans âge et sans teinte, on entend une mélodie bien droite autour de laquelle volettent des oiseaux savants. J’ai quelque impatience d’entendre Ravel-Chapuis travailler les anciennes chansons et leur habituel apparat de guitares fiérotes.
On y gagne un Duteil plus musicien – ce qui lui a souvent manqué, après tout. Poète, mélodiste, interprète à la voix chaude, tout cela était acquis, et bien acquis. C’est plaisant de le voir maintenant poser un pied en dehors de la piste habituelle. On verra s’il y met les deux pour la tournée, l’automne prochain.
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