mercredi 16 avril 2008

Printemps de Bourges (III) : Christophe Willem, Adam Green, la couture universelle

Culture de notre époque ? Couture, bien souvent. Sous le chapiteau, Christophe Willem dans son show ; tard au 22, Adam Green dans le sien. Le héraut du spé-popu en liberté, tout en majuscules et en assomptions délirantes (la guitariste sexy, les citations de tourneries disco, la soumission aux figures les éculées de l’adoration de l’artiste à l’autel), à la fois cinglé et pertinent. Quand Willem chante Où sont les femmes ? de Patrick Juvet, ce pourrait être un culte minuscule rendu dans un club miteux, dans une soirée spéciale du mardi. Non, c’est au large, le partage de masse d’un décalage très subtil et très précis d’un point de détail de notre culture populaire.
Avec les années 70-80 de Christophe Willem aujourd’hui, c’est un peu comme les années 70 célébraient les années 20 – chez Joe Dassin, Sylvie Vartan, Juliette Gréco, on trouvait des chansons Années folles… Et cet accord-là (entre ce terreau mythifié et notre situation culturelle) est un instant peut-être fragile, peut-être fugitif. Souvenons-nous du décollage à la verticale de Liane Foly avec son panthéon de références dévoilé dès la première note, et la soudaine sensation d’exhibition datée qui a suivi… Peut-être fugitif mais diablement séduisant, en tout cas.
Même pratique de couture chez Adam Green, avec des intentions démonstratives et politiques bien plus claires. Belle voix grave et retour aux valeurs littérales du rock’n’roll ou de la soul originels. Elvis à Las Vegas (et peut-être même Liberace aussi) pour dire l’Amérique contemporaine, les dérèglements de sa société et de son carnaval médiatique, des exigences libertaires et sensuelles menacées de partout…
Le travail de patchwork et de détournement n’est pas vraiment différent chez l’un et l’autre. Et je ne suis pas persuadé que les intentions de Willem et Green soient si éloignées. La différence d’échelle commerciale et d’impact populaire font peut-être croire à une différence de nature. Et si le jeu de couture universelle était un enjeu en lui-même ?

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