jeudi 17 avril 2008

Printemps de Bourges (V) : Chapelier Fou, une brocante électro

Aux Découvertes électro du Printemps de Bourges, il faut avouer que ce sont souvent les savants fous qui intéressent le plus, qui sont le mieux précédés d’un joli buzz. Chapelier Fou, cette année. Il affiche ce qui est sans doute un souvenir d’enfance : une mandoline et un violon, ce qui suffit à lui donner les couleurs d’un mutant transcendant les frontières de genre. Ce qui est attendrissant chez lui, c’est la manière de bricoler sur ses machines et avec ces instruments une musique qui ne semble nullement obsédée d’unité et qui passe sans complexe de style en style et de matière en matière. Du répétitif downtempo, de l’abstraction bruitiste, des collages sonores de vieux disques désuets de diction, un univers cinématographique à la Michael Nyman…
C’est une sorte de brocante électro qui porte à son sommet l’idéologie de l’album de mix (idéologie est peut-être un mot fort) : la variété des approches est en elle-même un enjeu, pour démontrer une ouverture, une pluridisciplinarité, une richesse. Le caractère spécifique et unique de l’artiste est donc son niveau de plasticité, la cartographie de tous ses prodiges, et non plus seulement le grain ou l’intention particuliers d’une musique. La brocante de Chapelier Fou est séduisante par sa profusion, bien sûr, mais surtout par le fait que, partout, ce qu’il joue est une proposition de beau niveau – particulièrement dans ses sortes de BO sans film. Mais dépassera-t-il le plaisir solitaire et gratuit de présenter sa musique en festival, dans un genre qui peine à faire émerger des aventures durables ?

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