lundi 21 avril 2008

Bernard Parmegiani, une musique concrète et heureuse

La musique concrète est certainement une des aventures les plus délectables qui commencent dans les années 50. Une technique qui semble tout entière animée d’un rêve, une manière très poétique de rendre présent le futur… C’est une révolution sans révolte, semble-t-il, une révolution qui ne demande nul tribut de chair et de sang, nulle capitulation de l’adversaire, nul violence faite aux générations précédentes. Non que toute l’affaire fut pacifique (bien au contraire, d’ailleurs, il y a eu des pages écrites, bon Dieu !), mais on sent chez Pierre Schaeffer et ses continuateurs que la première sensation est la jubilation du son, et non le choc des amarres larguées ou du pavé lancé vers le vieux monde.
Plus encore que chez mon cher Pierre Henry (qui est si marqué par les sirènes de la guerre et la poésie menaçante des bruits de maison désertée), on sent cette joie foncière chez Bernard Parmegiani. L’INA, belle maison qui fait bien œuvre de mémoire, édite un coffret de douze CD de ses enregistrements pour le GRM de la Radiodiffusion française (cinquante ans de GRM, quelles folles archives cela doit faire !) entre 1964 et 2007.
Il n’y a que délectation, dans tout cela : la radio, le Stravinsky et l’orchestre s’accordant dans Du pop à l’âne (1969), l’annonce du scratch hip hop dans De natura sonorum (1975), les jeux sur les banalités des presets de synthé dans Exorcisme 3 (1986), des grincements, des chants d’oiseaux, des juxtapositions narquoises… Il semble que, pour ardue que soit parfois la composition, toute cette musique soit un grand jeu de collage, de détournement, de retournement des matières sonores. Revolution 9 sans Yoko Ono, peut-être, ou la grammaire la plus accessible d’une musique qui a souvent servi à la torture auditive, à l’épate des sots, au vertige petit-bourgeois. Beaucoup d’effets en sont devenus familiers, depuis les années 60-70, dans le cinéma, la publicité, la musique populaire même, sous la forme parmegianienne la plus souriante, la plus amicale.
On trouve peu d’humour, pourtant, dans ces heures de musique. Peu d’humour mais une sorte de bénignité inattendue dans ces parages. Entre les plaisanteries des pionniers du Moog et les roideurs de Futuristie, le parcours d’un compositeur généreux – généreux dans un univers si facilement égotiste…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je decouvre par philippe barbot votre blog...
j'y reviendrai souvent.
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