Anne Sylvestre, fidèlement, profondément
Une saison avec de l’Anne Sylvestre est une meilleure saison. J’ai reçu l’autre semaine son prochain album et je l’ai prolongé en piochant dans l’iPod sur mes dernières routes bretonnes de vacances. Comparer, chercher les fils, les forces, les axes. Oh, elle a perdu dans les aigus.
Mais pour le reste elle partage avec Brassens cette curieuse maturité instantanée de l’écriture, comme s’il n’y avait pas d’années de formation, pas d’amollissement, pas de rabâchage, pas de périodes. On peut distinguer des temps, bien sûr, mais ils lui sont plutôt extérieurs : l’époque qui exige une parole aux femmes, l’éveil à une conscience de la Terre, les couleurs d’arrangements. Pour le reste, c’est le verbe d’ébéniste, la précision émotionnelle des musiques, l’élégance soignée des images.
Son nouvel album, donc, parle beaucoup d’elle-même, comme toujours, et beaucoup du monde tout autour. Il y a le génial Gay marions-nous, qui illustre bien sa manière : un propos volontiers dru et une totale fantaisie de chaque vers. Et puis Les Rescapés des Fabulettes, chanson autocélébratrice, d’une jolie santé et d’une belle générosité. Et puis Bye bye mélanco, chanson qui ouvre l’album, qui dessine à très légers coups de pinceau très discrets toute l’histoire d’une enfance et d’une jeunesse, une histoire abstraite pour l’auditeur non averti, mais d’une profondeur que l’on devine terrible par la précision des allusions à sa propre histoire que l’on croit saisir. Je sens que vais beaucoup parler de ce disque et de cette dame, ces temps à venir…
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