Jethro Tull et le vice caché du prog rock
Il n’y a pas que la démolition des vieilles gloires qui compte dans la vie. Il reste que j’ai regardé le DVD Live at Montreux de Jethro Tull, qui date de 2003 (ça sort la semaine prochaine), armé de ma nostalgie de classe de Première. J’en arrive à la conclusion que certaines musiques sont plus facilement sur le fil que d’autres, comme le prog rock. Ian Anderson a beau avoir une énergie sidérante et un sens fascinant de la mélodie narrative, tout cela se trouve être aujourd’hui d’une fragilité inquiétante.
Cela ne tient pas seulement au vieillissement du jeu, comme les sur-syncopes, les rubatos, les effets de voix sur Aqualung, sorte de manifeste des Chargeurs Réunis, comme les manières de baladin survolté, qui passent moins bien avec la bedaine d’Ian Anderson (le gilet moiré, le bandeau de pirate noué sur le crâne, on ne dira pas que c’est une dégaine qui donne confiance). Non, il y a un vrai vice de fabrication dans cette musique, dans son lyrisme un peu court, dans son imagination sonore qui n’arrive pas à sortir d’une vision très étroite de l’utilisation des instruments (de ce point de vue, il y a plus d’invention strictement technique en un album de Thomas Fersen que dans toute la discographie de Jethro Tull). D’ailleurs, quand je l’avais interviewé en 2001, Ian Anderson m’avait dit quelque chose d’à la fois révolutionnaire et terriblement étroit : « J’ai commencé comme guitariste et j’ai essayé de jouer le blues comme Clapton jusqu’à ce que je réalise que je ne serai jamais aussi bon. C’est ce qui m’a fait passer à la flûte. Mais, même avec cet instrument, je me prenais toujours pour Eric Clapton ! Je traite ma flûte comme une guitare : les motifs musicaux, les riffs, les solos, le rôle dans le groupe sont ceux d’une guitare électrique de rock. »
C’est peut-être ça le problème : des amarres larguées pour l’imagination textuelle et même pour le romanesque de la musique, mais le conservatisme du jeu instrumental. D’ailleurs, dans le concert, Ian Anderson annonce avant une chanson l’arrivée de « l’instrument du diable, l’accordéon allemand à touches piano ». Ça ne fait pas beaucoup rire le public mais je dois reconnaître que ça m’amuse bien.
1 commentaire:
ian est plus vieux, mais quel genie!clapton ,un nain à côté!
un seul nom pour mettre tout le monde d'accord, srv, c'est clapton lui même qui le dit!
srv, il allait faire trembler le monde, mais dieu le voulait pour lui seul....
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