Rickie Lee Jones et les donateurs
Je n’ai pas encore reçu Sermon Live, le prochain disque en public de Rickie Lee Jones. Je ne serai pas non plus dans les remerciements, puisque je n’ai pas payé.
C’est Yazid, joyeux copain plus souvent enthousiaste que grognon (une belle disposition d’esprit, je trouve, et plutôt rare dans notre milieu) qui m’avait signalé il y a quelques semaines que RLJ tapait le fan sur son site. Ça disait : « Haven’t you always wanted to get your name in the liner notes of your favorite artist’s CD ? Here is your chance ! All you have to do is donate $50 and you will be included in the "thank you" section of Rickie’s live CD Rickie Lee Jones - Sermon Live coming Fall 2007. There is more ! If you donate $100 not only will you get your name in the liner notes but also Rickie will personally autograph a copy of the CD and send it to you ! »
Au moins, ça a le mérite d’être franc. Et c’est sociologique, évidemment. La crise du disque, donc, et les labels qui n’ont plus une thune. Les artistes quinquagénaires dont les œuvres nouvelles sont systématiquement occultées par le back catalog et les best of (sincèrement, s’il faut un seul disque de RLJ, ne cherche-t-on pas Chuck E’s in Love au dos de la pochette ?).
Petite gêne, évidemment (allez, Rickie, un peu de dignité, quoi !), mais il y a là une double situation (situation, plutôt, en américain dans le texte, comme quand ils parlent du fait que leur épouse est partie avec les enfants et le janitor portoricain). D’abord, un CD ne coute pas si cher que ça, surtout quand on n’en vend pas beaucoup. Deux, trois, quatre euros au pire en prix de gros sous cellophane. On n’envoie plus aux magasins, ce qui réduit les frais, et on vend sur internet aux fans tamponnés (ça tombe bien, la génération qui aime RLJ aime aussi les disques physiques). Donc il n’est pas idiot-idiot de commander son disque en 5000 exemplaires et de les stocker dans son garage en les vendant sur son site, sur Amazon et sur eBay (d’ailleurs, Mary Gauthier, qui est la meilleure chanteuse américaine actuellement en vie ((j’exagère peut-être un peu, mais elle le mérite)) vend bien ses disques ainsi, et sans doute mieux qu’en attendant que les Fnac attrape par la manche chacun des clients pour les convertir à ses splendeurs). Et, pour ça, on n’a pas forcément besoin de milliers de donateurs à 100 $.
Bref, c’est un peu gênant, cette histoire, surtout qu’elle concerne quelqu’un qui fut il me semble parmi les investissements prioritaires de Warner il y a quelques dizaines d’années. Mais c’est assez logique, au fond, et finalement presque sain.
Après tout, je verse souvent mon écot aux souscriptions des disques de Philippe Forcioli, que je considère être un des plus sûrs et des plus émouvants talents de la chanson française. Et Rickie Lee Jones est peut-être au rock américain ce que Philippe Forcioli est à la chanson française.
1 commentaire:
Je ne connaissais pas du tout ce Philippe Forcioli que tu as cité mais tu as bien fait de t'intéresser au cas de Mrs Rickie Lee Jones au sujet de son appel (désespéré) à l'aumône qui m'avait disons-le quelque peu interloqué. Il est d'ailleurs étonnant que ce message sur son site n'ait pas suscité plus de réprobations. Même son label avait été surpris quand je les ai prévenus...Venant d'une si grande artiste, le geste est en effet étrange et triste à la fois. Il serait intéressant de connaître le nombre de gogos ayant répondu favorablement à son annonce !
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