En Celtie (II) : le fest noz, une démocratie savante
Comme d’habitude, je finis toutes mes soirées ici au fest noz. Ma fidélité personnelle à l’Interceltique, plus peut-être que tout le reste. Ce qui me fascine, c’est que tout cela n’est pas instinctif du tout. Pas question de s’en sortir par la transe, par l’inspiration soudaine, par l’abandon aux décrets du corps. On sait ou on ne sait pas. Tout est su. Même un grand chahut soudain dans une scottish, même une espèce de quadrille à la géométrie diablement complexe. Il y a là des élégances, des solennités qui ne ressemblent à rien de simplement naturel. Il y a là des grâce de cour et des joies de village, de très vieilles politesses et de très archaïques énergies.
On repère vite les raides, les habitués, les pros, les distraits, les en-passant. Mais ce n’est pas vraiment un moment de déconneurs. On en voit bien qui essayent, après-beudo ou en pleine bière. Ils sont un rien polluants quelques instants mais ils ne dérangent pas vraiment. Leur incongruité les expulse. On en voit qui font semblant de se faire appeler au portable pour ne pas avoir l’air d’avoir honte. Car, toujours, c’est le collectif qui gagne, le mouvement d’ensemble qui domine.
C’est pourquoi, quand un couple de sonneurs se ramasse, ce n’est pas leur musique qui se délite mais la danse – tout le monde planté là, mains sur les hanches ou bras ballants, attendant manifestement que ces deux-là arrêtent leur bruit. Je n’avais jamais vu ça. On me garantit que c’est très rare. Mais c’est une jolie vision démocratique, une jolie manifestation de sens et d’exigence du collectif.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire